jeudi 29 décembre 2011

Les considérations d'une mère suicidaire ou 9 mois

Le titre en dit beaucoup.

Je me suis demandée si c'était une bonne idée de témoigner de cette "expérience". Il y a de ces expositions qui exposent plus que d'autres, celle-ci en est une. Aux jugements, à l'indignation, aux regards accusateurs. Mais s'il y a une chose qui m'a profondément troublée avec ce blog, c'est le nombre de mamans qui m'ont fait part de leur désarroi, leur solitude, leurs angoisses.

So, I don't give sh*t.
Pas que je sois arrogante, seulement que... rien, en fait. Je n'ai pas de raison, c'est plutôt un impératif. 

Je n'entrerai pas dans les détails qui m'ont conduit à un matin de trop. La seule chose qui importe est que vous sachiez qu'une idée me frappait le corps et l'esprit, depuis le mois d'août. Des vagues. De sombres vagues. De trois à quatre par semaines, elles ont atteint une dizaine, par jour. Et cette "idée" devenait de plus en plus claire, de plus en plus éclatante, cartésienne, une évidence de chez évidence. Il y a un mois et un dodo, au réveil, le ciel était un peu trop gris.
Insupportablement trop gris.
Et j'ai cru - vraiment cru - que la Terre tournerait mieux si je la délestais du poids de mon corps, que mes enfants seraient plus heureux avec une mère autre que moi, que mon amoureux serait plus heureux avec une autre que moi. Et dans ce portrait, tout le monde gambadait, se lançait des fleurs, se bourrait de barbe à papa... La joie de mon inexistence.

Ouin.

Merci à une visite inattendue chez ma belle-mère qui l'a empêchée de garder Fifille, au Mari qui m'a conduit à l'hôpital et au psychiatre qui - après m'avoir si humainement écoutée - a clamé ma souffrance et m'a retirée du monde, pour un temps, celui que je revienne un peu à moi, que je remonte un bout de la pente descendue.

Si je raconte tout cela, c'est parce qu'avec le tout petit espace que j'ai pour regarder le dernier mois, je me dis qu'aucune maman ne devrait vraiment croire qu'elle embrasse son fils pour la dernière fois - et pour le mieux de ce dernier... Parfois, demander de l'aide, parler, est de trop. C'était l'un de ces cas. Je ne sais pas si j'espérais que quelqu'un agisse à ma place, ne m'écoute pas, je sais pas... mais je sais que ce que je souhaite dire, là, tout de suite, maintenant, c'est qu'il ne faut pas supporter de voir des yeux s'éteindre chez autrui, de regarder la lassitude l'envahir, le goût de la vie lui sortir de la bouche... Nous avons le droit d'intervenir dans la vie de ceux et celles que l'on aime parce qu'il arrive que ces derniers et dernières aient le regard trop embué pour voir le monde de la "bonne" façon. Et je ne dis pas que mon mal-être et son soulagement étaient la responsabilité des autres, loin de là.

Ouin (bis).

Fifille a neuf mois, aujourd'hui. Et je suis avec elle. Avec le Fils. Avec le Mari. Je suis encore là.
Fragile, mais là. 

vendredi 25 novembre 2011

Une semaine avant le huit mois

Je ne compte plus en semaines... ça doit être le signe de quelque chose.

Je dois faire un témoignage. D'une variation sur un même thème alors que je m'étais promis de ne plus recommencer après la première fois. J'imagine que la déclaration publique devrait me donner la gifle nécessaire pour ne pas récidiver une troisième fois. Quoique, c'est selon... je sais me surprendre.

Voilà. J'ai fait de la purée de pois chiches pour Fifille. On est rendu là. Et j'ai enlevé la petite peau de chaque pois chiche de la "cacanne"... un par un, une grosse "cacanne". Je ne suis pas du genre efficace, je n'ai donc pas pu réfléchir à une manière de faire ça vite et simple et l'appliquer. Non, un par un. Pour qu'il n'y ait pas trop de petits "motons" - même si elle les "chique" relativement sans haut-le-coeur.
Je me sens une meilleure maman quand il n'y a pas de motons dans la purée de ma Fifille.
Mais j'ai vraiment perdu de précieuses minutes de mon existence, ce faisant. Pour une deuxième fois. La première, c'était avec des petits pois. Plein de petits pois - ça en prend une quantité impressionnante pour faire suffisamment de purée.

Et après, je me demande pourquoi je manque de temps. Si au moins ça pouvait avoir un poids argumentaire, plus tard... "J'ai enlevé de la peau de pois chiches, pour toi, range ta chambre"... c'est pas fort... mais avant qu'elle n'en mesure la moyenne pertinence et la complète insuffisance, peut-être que je pourrai au moins l'essayer une fois ou deux... 

samedi 8 octobre 2011

Vingt-huit semaines et quatre jours

Ce midi, purée de patate douce.
Purée faite avec amour, une patate bio et beaucoup d'espoir.
Je croise les doigts. Tous les doigts.

Réception de la purée par l'Enfant: quatre cuillères avant un petit haut le coeur... pas trop mal. Même très bien. C'est quand même sucré, la patate douce...

Je compte cela comme une réussite.
Prochain aliment, dans trois jours: la courge butternut.

jeudi 29 septembre 2011

Vingt-sept semaines et un jour

Fifille - aka poupette - a six mois. Que je n'ai pas vu passer même si je sais que j'y étais...

Si j'ai si peu parler d'elle, dernièrement, c'est que je n'ai à dire ou plutôt à redire... elle est übergéniale. Sauf une légère régression dans la longueur de son sommeil, mais ce n'est rien. Elle rit tout le temps, sourit tout le temps, fait des bubulles de bave, joue avec ses petits jouets, papotte, adore qu'on la bécotte et qu'on lui chante des chansons... il y a des journées où elle ne pleure pas une seule fois.
C'est vraiment une Fifille super chill.

Et elle a commencé à manger, que dis-je, à s'empiffrer, la porcinette. Ça ne fait que six jours et déjà, elle prend cinq cuilllères à soupe de céréales, le matin, trois, le midi et cinq, le soir, après un gros biberon de lait... des plis dans la cuisse, il y en a... et de la cellulite sur la bedaine. Elle ouvre la bouche alors que la cuillère est encore dans le bol et crie si on ne va pas assez vite pour les enchaîner dans sa bouche à la vitesse totale rapide. Le Fils crachait tout... j'ai tellement angoissé parce qu'il ne mangeait rien... je sens qu'elle, elle va les aimer mes purées faites avec amour et que du bio. Je ne vais me sur-enthousiasmer tout de suite, je pourrais être rattrapée, encore, par la réalité... et je suis légèrement écœurée d'entretenir des fantasmes qui n'aboutissent qu'à des gifles parce que j'aspire à ce que le réel se confonde à mon vouloir... alors, je vais attendre et voir. Le pont avant la rivière, y paraît.

dimanche 25 septembre 2011

Vingt-six semaines et cinq jours

Tournée des Cantons-de-l'Est numéro 122 - le nécessaire tour d'auto du mois:

Ce que mon Fils a appris ou mes dérives parentalo-pédagogiques:

- Les vaches brunes font du lait au chocolat... je sais, c'est d'un déjà vu, mais je n'ai pas pu m'en empêcher...
- Il y a un éléphant qui se cache dans les fossés estriens et il faut le trouver [on jouait à "trouve des animaux" et les vaches, chevaux, chiens et oiseaux des prés l'ont lassé assez rapidement... chercher l'éléphant l'a tenu une bonne demi-heure... ceux et celles qui le connaissent, s'il vous en parle, je vous en prie, dites-lui qu'il l'a raté d'une minute ou deux... je sens qu'on a un bon filon et je vais attendre un an ou deux avant de lui dire qu'il a été capturé...]

Joies du Fils:

Pendant le pique-nique: faire un tas de branches, voir plein de fourmis, trouver deux gigantesques champignons et faire un tour de balançoire communautaire.

Peines du Fils:

Pendant le pique-nique: avoir - lui-même - défait son tas de branches, avoir tué plein de fourmis, avoir déraciné et écrabouillé les deux gigantesques champignons et s'être fait volé notre place dans la balançoire communautaire par une escouade du troisième âge qui nous surveillait depuis un moment...

Fait [très] divers et sans intérêt:

- L'asphalte entre Lawrenceville et Warden est vraiment très "douce", l'auto glisse plus qu'elle ne roule;
- La messe est célébrée à 9h30, le dimanche, à Ste-Anne-de-la-Rochelle - c'est annoncé en grosses lettres, à l'entrée du village - et il y a foule - très chic, la foule, en passant - sur le parvis, à 10h45. 

Je sens que je vais me souvenir de cette journée marquante, toute ma vie. Vraiment.

dimanche 18 septembre 2011

Vingt-cinq semaines et cinq jours

Aujourd'hui, anecdotes... auxquelles le qualificatif "Epic Fail" pourrait s'appliquer...

1. Dans un magasin où l'on trouve la panoplie pour tous les aspects de la vie, je m'interrogeais à savoir si le Fils préférerait des draps "camions de pompiers" ou "requins", quand le Mari est arrivé, tout de joie, à côté de moi...

Le Mari: "Oula, chérie, viens voir. J'ai vu un beau petit costume d'Halloween, pour Fifille. Il y a des gens qui le regardent, mais on va leur piquer..."

Ayant, finalement, choisi les draps de pompiers, je l'ai suivi, plutôt heureuse de son initiative - c'est habituellement à moi que revient la tâche du choix du costume et j'aime bien être délestée, parfois, de ce genre de décisions. Bref, nous ne sommes pas du tout allés vers la section "enfants" et encore moins dans celle où se trouvent les costumes d'Halloween. Non, nous avons fait quelques pas dans une rangée, puis l'air légèrement moins confiant, il me dit: "Ouin. Laisse faire."

Moi: "Ben, là. Il est où ton super costume?"
Le Mari: "... J'avais pas vu que c'était la rangée pour les chiens..."

2. Au souper...

Le Fils ne voulait pas manger ses raviolis - trois couleurs, je dois le préciser. La fatigue aidant, j'ai vraiment fait preuves de fine psychologie... je n'en reviens pas vraiment encore, mais je sais comment on peut créer une aversion alimentaire...

Moi: "Allez, Fils. Mange tes raviolis."
Le Fils: "Non, Maman."
Moi: "Regarde, le vert, il est à la crotte de nez." [Ouais, j'ai dit ça... moi, professeure de philosophie... mais l'implicite qui soutenait cet énoncé est qu'il les mange, ses crottes de nez... alors je me suis dit, il mange ses crottes de nez, il aime ça les crottes de nez, alors... ce sera réconfortant de savoir que le ravioli qui a la même couleur goûte peut-être la même chose... ce sera un incitatif pour le mettre dans sa bouche... je sais, c'est vraiment le raisonnement le plus réussi de l'histoire]
Le Fils: "AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRRRRRKKKKKKKKKKK. Dégueu! Non."
Le Fils: [De me voir manger mes raviolis verts]"AAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRKKKKKK, Maman. Dégueu, maman."

Hmmm.
Il a fini par manger les blancs et les orangers. Mais les verts, pas question. Et il me regarde avec beaucoup moins d'admiration et de pétillant dans les yeux. Ça ne m'aura pris que deux ans, cinq mois et deux semaines pour perdre de la crédibilité aux yeux du Fils.
Et c'en est fini des pâtes aux épinards pour lui.

Clap, clap. Vraiment. Bravo à moi.

lundi 5 septembre 2011

Vingt-trois semaines et six jours

J'ai déjà compulsivement regardé toutes les émissions du type Nanny 911. 
 Et je me souviens du plaisir éprouvé à juger tous ces parents qui laissaient leurs enfants crier, ne pas dormir, ne pas manger, regarder la télé et autres.                         

Moi, je ne ferais pas ça.
Ne-non. Voyons. Quand même. Franchement.

Bande de mous qui font des enfants rois, sans tonus, nonchalants et égocentriques. Bande d'unicellulaires qui ne sont pas capables de figurer l'évident problème qui fait que leurs enfants sont des tyrans, qu'ils ne baisent plus et que leur vie de couple est un enfer. Un enfant, tu lui dis "non". C'est pas plus compliqué que cela.
NON.
C'est toi, le parent. You got the Power. Mets tes culottes, adulte. Laisse-toi pas mener par le bout du nez. Ce n'est tout de même pas à ta progéniture de décider de quoi que ce soit. Surtout pas à deux ans. Il va crier, le bambin? So what, il va crier. Bouche-toi les oreilles, parent. C'est pas grave. Un petit cri.Voyons que tu as peur d'un cri de rien du tout?

Et puis... le Fils a eu deux ans. A maintenant deux ans et demi. Et aie-je peur d'un -pas si petit - cri?

Un, non. Même que, au premier du jour, souvent, je réponds: "Bravo. Tu t'affirmes. C'est beau." C'est plus à partir du quinzième qu'un certain nombre de tics nerveux s'installent. Après le vingtième, il m'arrive d'avoir les larmes aux yeux et oui, chaque possible son aigu qui pourrait suivre m'effraie. Une véritable peur, qui me prend aux tripes.
Pour une crise de deux à cinq minutes.
C'est la répétition, je crois, qui use. Et le fait que les causes de ces crises me semblent tout à fait... je vais oser le dire... stupides, sans importance, insignifiantes, dérisoires.
Il y a la Somalie. Bordel.
Et mon Fils hurle parce que je ne veux pas lui donner un biscuit, un de plus que les cinq autres qu'il a eu parce que j'ai voulu acheter la paix et le calme, dix minutes. Je sais, son petit monde est justement tout petit et l'homéostasie de ce petit monde, très fragile. Mais... aaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrggggggggggggg. Ça fait un tel bien de pouvoir hurler, par écrit.

Alors à la moi d'il y a quelques années, je dis "Ferme-la". Tu savais pas de quoi tu parlais. Pardonnez-moi, pauvres parents clueless que j'ai jugés de mon impitoyable regard extérieur. Je n'avais aucune idée de la tâche colossale qui est celle d'amener une larve à être quelqu'un, de produire un quelqu'un, du quelqu'un. En ce moment, par exemple, je travaille le "Ne mets pas ton doigt dans tes fesses [et si tu le fais, ne le fais pas sentir à tout le monde et ne le mets pas dans la bouche de quelqu'un d'autre ni dans la tienne]".
C'est l'une de ces petites choses pour lesquelles il faut penser dire merci aux parents de ce monde. 

Pendant les vacances, quelqu'un nous a - très utilement - dit: "Vous devriez lui dire davantage "non", parce que sinon il va être impossible." J'ai fait un petit sourire, en guises de réponse. Un tout petit sourire, avec les dents bien serrées. J'ai lu tous les livres - ou presque - sur l'éducation, l'alimentation, etc. Je sais ce que je devrais faire. Le problème, c'est que, parfois, j'ai l'impression que le parent auquel s'adresse ces livres est un cyborg, un super robot, une méga-machine. Une chose qui n'est jamais fatiguée, toujours blindée de patience et qui n'a pas de vie propre.
J'ai mis les livres dans le fond d'un placard. Et j'ai décidé de choisir mes combats... alors, je ne suis pas toujours hyper-constante (presque toujours, mais, il m'arrive de faillir), je lui donne parfois ce qu'il veut juste pour avoir un moment de calme, il mange dans le salon en regardant la télé quand la journée a été trop longue et désagréable et s'il veut garder le haut de son pyjama au lieu de mettre un chandail, so be it.

J'ai toujours aimé avoir le dernier mot... avec le Fils, m'en fiche. Ça me fait souvent plaisir de lui offrir. C'est à moi que je fais un cadeau - d'un instant -, cadeau que je payerai, peut-être, plus tard, mais on peut toujours se reprendre... non?

mercredi 31 août 2011

Vingt-trois semaines et un jour

Hum.
Je n'ai pas vu le temps passer.
C'est sans doute parce que je n'en ai pas vraiment eu. On pourrait croire que des vacances - je parle de celles du début du mois d'août...-, c'est fait pour prendre le temps, en perdre un peu, mais non.

T-e-l-l-e-m-e-n-t pas.

J'ai de la difficulté à me gérer l'esprit quand la fin de semaine arrive, alors 14 jours... 14 jours à s'occuper continuellement, à faire, à bouger, à être la chose du Fils. Parce que le Fils, sa maman, il la possesso-contrôlo-monopolise. Maman, c'est le best buddy, le jouet par excellence, l'alliée dans la chasse aux monstres au chocolat et la conquête des montagnes de couvertures.

Maman, c'est tout.

Je sais, je ne devrais pas m'en plaindre. Un jour viendra où je penserai à ces moments trop pleins avec la larme à l'oeil parce qu'il ne voudra même plus marcher sur le trottoir à côté de moi ou se cachera quand je crierai son nom dans les couloirs de son école secondaire, à sa recherche, sa peluche à la main et sa boîte à lunch "Thomas le petit train" de l'autre... parce qu'il aura mis de l'eau dans les bouteilles d'alcool ou autre subtilité que l'on croit subtile quand on a quinze ans et qu'on est limite attardé parce qu'on a quinze ans... ("Adolescent, tes yeux sont rouges." - "C'est parce que je marchais avec le vent dans les yeux, maman..." Yeah. Right.) 

Nah. Je. Me. Plains.

J'ai l'impression qu'à chaque matin, il plante une paille dans mon centre d'énergie - mettons que ça existe, mettons que physiologiquement, nous disposons tous d'un réservoir d'énergie quelque part dans le cerveau, une sorte de batterie, mettons. Simple hypothèse de travail. C'est pas pour rien qu'il en a autant de l'énergie... il me la siphonne, la mélange à la sienne et voilà. Du carburant super plus.

Mais il est chou. C'est une adorable petite chose hurlante et pleine d'imagination et de frustrations et de frustrations de ses frustrations. Je trouve que "terrible two", c'est inadéquat, un euphémisme de mauvais goût. L'expression ne prépare personne à ce que sera la réalité. Chaque jour, le Mari et moi on se dit qu'on a atteint le haut de la colline, que ça ne peut être pire. Mais on a affaires à l'Everest, pas de lama, pas de sherpa, pas de chemin et une tempête - et on est en gougounes et en maillots de bain de fantaisie. À chaque jour, nous sommes surpris de constater que non, le pire était à venir et qu'il est tellement variable et polymorphe, le pire. C'est très créatif, le pire. Bravo à lui.
Confettis. Ballons.
Une poignée d'anxiolytiques. 


Il paraît qu'on oublie. On en fait d'autres, enfants... faut croire que l'amnésie sélective fait un bon travail.   

vendredi 29 juillet 2011

Dix-sept semaines et trois jours

Fifille a quatre mois.

Nous partageons la perte de cheveux. Ses petits cheveux de poupon tombent, d'autres foisonnent. Chanceuse.

Je me sens quand même moins seule. Parce que, bien que je n'en aie pas vraiment reparlé - notamment en espérant que si j'ignore le phénomène, il cessera -, ça n'a pas arrêté.

Oh que non.

Des poignées. Il pourrait m'engager pour les films western, je génère des boules roulantes sans arrêt. J'arriverai bientôt au point où l'idée de prendre une douche génèrera une telle angoisse que je devrai boire une tisane no-stress (et avaler deux anxiolytiques, plus efficaces ) avant d'aller sous l'eau. J'ai vécu la même chose après l'accouchement du Fils. Je deviens alors très vulnérable aux suggestions de mon coiffeur... veux-tu un petit traitement? deux petits traitements? Tous les traitements? Et le shampoing anti perte de cheveux, tu en veux une caisse? Je sais - même si ça m'emmerde - qu'il y a une forte probabilité que tous ces très onéreux produits ne fonctionnent pas vraiment pour un phénomène hormonal... mais je suis désespérée. Alors, je prends tout, tout, tout. En double.
Et ces offres, il me les fait toujours après m'avoir dit: "Oulala. Jamais vu ça. T'en perds TELLEMENT. Au moins, il n'y a pas de trous. Encore." Ben, oui. Dis-moi que je pourrais avoir des trous dans le fond de la tête... je ne vais surtout pas passer mes journées à me scruter le cuir chevelu dans chaque miroir.
Je me vois déjà chauve, reluque les perruques quand j'en vois.

Eurk les hormones. Eurk.

lundi 25 juillet 2011

Seize semaines et six jours

Fifille a dormi douze heures.

[Douze. Je vois poindre la vie, à l'horizon. Un retour à la vie. Comprendre: en dormant suffisamment, je cesserai d'être une personne désagréable... je verrai le verre à moitié plein, les bœufs avant la charrue, la rivière avant le pont... Le post partum rôde... je le sens, mais là, j'ai une arme efficace. D'autant plus que, le Mari en vacances signifie que je ne suis plus seule à assurer les boires - désormais inexistant pour toujours, dit-elle avec sur-optimisme - de nuit et que je peux dormir un matin sur deux.

Prrrrraaaa, Prrrrraaaaa le pas sommeil! Prrrrrrraaaaa! (Gangster's style... c'est quand c'est du cassage sérieux...).

J'ai cependant une légère angoisse... de quoi vais-je me plaindre, désormais? Parce que j'ai besoin de motifs pour geindre, ne serait-ce qu'une minute par jour. Je sais. La guerre et autres devraient me suffire. Mais je parle de plaintes auto-centrées, qui ne concernent que mon petit monde et ses malheurs en puissance et en acte... J'ai de l'imagination. Je trouverai.]

vendredi 22 juillet 2011

Seize semaines et trois jours

Fifille pédale sur son tapis d'éveil, jase avec le ventre d'un mouton mauve et mange son poing.
Championne de la multitâche, elle est.
La larve est si loin.
Elle réussit à mettre son poing dans sa bouche une fois sur trois, maintenant. C'est excellent. Elle avait presque des ecchymoses à force de se taper partout dans le visage. Elle a de la persistance dans l'être, la demoiselle: n'arrête pas tant qu'elle n'a pas réussi. Réussi quoi? Pas toujours clair, même pour elle, mais ce n'est grave. L'important, semble de travailler à quelque chose, de se donner et ce, tant et aussi longtemps qu'autre chose ne se présente.
Bravo, dodue, maman est fière de toi! Surtout avec cette chaleur...

Le Fils voulait son papa, ce matin. Il a même dit "Pas maman". Il ne voulait même pas que je le change de couche. Tristesse? Désespoir?
Que non.
Tellement de joie, en fait. Enfin! Je ne serai plus la seule option, au réveil. Papa était une option, mais elle venait avec hurlements - à l'infini - et tapes et rien de bien plaisant à gérer à 5h30 du matin. Alors j'achetais le calme et me levais. Bien que j'apprécie le chant matinal des oiseaux et jouer aux quilles avec enthousiasme alors que je ne suis pas encore totalement au fait de mon existence, je sais que le Mari aimera cela encore plus. Je ne voudrais pas le priver de tels plaisirs plus longtemps. Je suis généreuse comme ça. On pourra même s'en parler quand je me lèverai, un peu plus tard, l'oeil vif et la joie au coeur de les voir heureux d'être ensemble.  
Je trépigne. Rien de moins.

Le projet est encore une nébuleuse. Les vacances sont là, à 16h, plus précisément. Je serai amplement occupée alors je mets cela dans mon arrière-cerveau, que le travail se fasse un peu sans moi et que mes neurones me gâtent d'une surprise, dans deux semaines. Sait-on jamais. Je pourrais m'étonner.

jeudi 14 juillet 2011

Quinze semaines et deux jours

J'ai mal.
Mal à mon existence. À chaque cellule.

Un verre de rosé - pas très bon - trois ou quatre de sangria - bus beaucoup trop vite - et peut-être une ou deux gorgées de rhum-7 up +  deux tours de "bateau de pirate" - dont un double = toute une performance à côté d'un stand à barbe à papa (mais, au moins, j'ai eu une partenaire d'expulsion à ce moment, ça rend la chose moins...pathétique?) et sur le coin de ma rue - très passante - même à minuit. Super. Bravo à moi. Clap, clap.

Je laisse, encore, une vague odeur de vomi dans mon sillage.

J'attends mon Gatorade rouge. Fifille n'aura pas droit au meilleur de moi-même, aujourd'hui. Il est parti se cacher avec mon égo et une partie de mon estime de soi. La honte, sans doute. Je n'ai plus l'âge pour ce genre de choses... devrais m'en tenir au papotage, aux thés d'après-midi et au jardinage.

[Merci au Mari. Il a eu de la compassion. J'apprécie. Moi, quand ça lui arrive, ça, je n'en ai que très peu. En aurai plus à l'avenir.]

mardi 12 juillet 2011

Quinze semaines

Il me reste une trentaine de semaines, à la maison.

Une trentaine de semaines à regarder Fifille être. Devenir, surtout. J'ai l'impression que son existant se déroule maintenant à la vitesse du son et sur le mode du rouleau compresseur que rien n'arrêtera. Elle se frotte désormais les yeux lorsqu'elle est fatiguée, a découvert sa main, a de longues conversations avec un mouton en peluche ou les rayures de sa couverture...
J'espère qu'elle sera un taureau de vouloir, Fifille.
Pour l'instant, son vouloir, c'est le jambon, je l'ai déjà dit. Elle s'y applique tellement, qu'il y a déjà une liste d'attente, pour Pâques. C'est le Mari qui est heureux. Il souhaite que son régime, pour les dix-huit prochaines années, ne soit composé que des aliments du quatrième groupe du Guide alimentaire canadien: sucre & gras.

Maman est là, Fifille. Faut pas t'inquiéter. Il importe, cependant, que tu gardes en tête que chaque fois que ton Papa t'offrira une frite, un sunday ou une barre de chocolat, ce ne sera pas que pour le plaisir de tes papilles gustatives, mais dans l'espoir qu'il y en ait toujours plus à aimer, de ta personne.

C'est quoi, cette... drôle d'idée, que partagent plusieurs papas? Rendre leur fille la moins attrayante possible, la cloitrer, lui souhaiter une vie chaste et pure et sans intérêt, qu'elle n'aspire qu'à tenir le petit doigt des garçons, au pire, un baiser sur le front... ou qu'elle soit lesbienne, ça, ça passe toujours. Et que, lorsqu'ils parlent du premier qui osera la toucher et des suivants, c'est toujours avec violence et mépris? Et pourquoi pensent-ils à ça dès qu'ils apprennent, à l'échographie, que ce qui est dans la bedaine, c'est une fille? C'est tellement pertinent d'anticiper tout ça, 15 ans à l'avance... évidemment, s'il y a un plan à élaborer et à exécuter, je comprends un peu plus, mais faut pas en parler à maman, dans ce cas.
Parce que maman, elle n'est pas d'accord. Ni avec le plan, ni avec les idées qui soutiennent le plan.

Si je lui donne un biberon de Kool Aid, l'avant-midi, pendant qu'elle regarde BabyMTV, c'est pour la préparer à affronter la réalité. Il faut qu'elle comprenne le monde dans lequel elle vit et, pour se faire, il faut l'expérimenter, le monde et ce qu'il a à offrir...

Vautre-toi dans le réel, Fifille, vautre-toi!

lundi 11 juillet 2011

Quatorze semaines et six jours

Fifille poursuit sa route sur le chemin du long dodo. [Il faut excuser cette formulation. J'ai récidivé. Pourtant, j'ai bu trois cafés, je devrais être un peu plus d'aplomb, intellectuellement parlant, mais bon, je ne peux cesser d'écouter "I wanna go" de Britney - et d'y prendre un certain plaisir auditif - alors, je ne m'en demande plus trop, dans la vie. J'ai baissé la barre sur l'échelle de mes exigences envers moi-même et c'était ça, la solution. Depuis tout ce temps, je me trompais. Faut pas chercher à se dépasser, faut faire du limbo avec ses attentes de dépassement de soi et d'actualisation de son potentiel: "the lower you can go, the better you will be!"]

La nuit passée, donc, premier boire à 3h32, suivant à 7h30. Le Fils se met aussi de la partie, réveil à 7h15 au lieu de 6h. Le Chat a coordonné son envie d'eau fraîche et de déplacement-des-croquettes-dans-le-fond-de-son-bol-pour-qu'il-ne-voit-pas-de-trous (c'est pas des blagues...) avec le premier boire de Fifille. Alors, quand le Mari, à 6h45, m'a dit: "Chérie, dors-tu?"..., je ne sais pas trop pourquoi, mais je l'ai mal vécu. J'ai ressenti une profonde violence envahir tout mon être et je n'ai pas eu l'envie de répondre à son sourire papillonnant de lundi matin. Ni de partager sa joie qu'on puisse avoir une conversation avant de commencer la journée.
Pas du tout.
Je ne cessais de me répéter "Tu m'as volé des minutes de dodo. De précieuses minutes de dodo. Tu vas me le payer. Je ne te le ferai pas, ton café, ce matin. Tiens-toi!".

Il y a un complot. Dans ma maison. Maman/L'épouse/Maîtresse du Chat, ne dormira jamais autant qu'elle le pourrait. Je sais pas si Robert Langdon accepterait de m'aider... ce n'est pas aussi glam que le code Da Vinci, je sais, mais pour arrondir ses fins de mois fictifs... 

Il fait soleil. Fifille est de bonne humeur. Je m'en remettrai.
Et lui servirai sa bière - au Mari, pas à Fifille -, avec chips et sourire.

dimanche 10 juillet 2011

Quatorze semaines et cinq jours

Je suis dans tous mes états. Sur un nuage. Je ne porte plus à terre. J'ai la joie dans le coeur, une banane comme sourire. Je vais aimer les papillons et les fleu-fleurs, aujourd'hui. Je mangerai de la barbe-à-papa et ferai des bulles avec de la gomme à mâcher. Peut-être vais-je même sauter à la corde. Qui sait?

J'ai dormi pendant sept heures et 16 minutes. [Il y a eu un réveil, pour le Chat qui trouvait que son eau n'était pas assez fraîche, mais aujourd'hui, ça ne compte pas. Demain, par contre... ] Fifille a, elle, laissé un gros onze heures entre deux boires. Onze!

Sans gin. Ni chloroforme. Ni Kant.

Juste un gros dodo. Il faut dire que le pep talk, d'hier soir, était particulièrement enflammé. Et je parle souvent à mes guides spirituels, ces derniers temps, et aux anges et à tous les morts que je connais, et j'ai aussi essayé de vivifier ma connexion avec Gaïa et fait allumé deux-trois lampions. Et Harry Potter. Harry, j'ai foi en lui. En fait, c'est Hermione qui fait la potion qu'on met dans le biberon, mais Harry y jette un œil. Et  la magie est là, dans le coup d'œil. Même pas besoin de baguette. J'allais oublier l'enlignement de mes chakras. Je crois que c'est ce qui a permis à Fifille, au bout du compte, de s'ajuster à mes énergies et de saisir, par la force de mon aura - de plus en plus sombre, surtout lorsque je la regarde dans la pénombre, vraiment inquiétant - que j'avais vraiment besoin de ce sommeil. Que le point de non retour approchait. Était là, en fait.

En témoigne le délire que j'ai beaucoup trop facile.
Tout n'est pas gagné avec un dodo, mais c'est déjà ça. Ce sont quelques heures, quelques gouttes d'heures qui ont fait plouc-plouc dans le fond du puit à sommeil. Je vois une petite flaque, même. Suffisamment grosse pour que le Fils, s'il la voyait, irait à deux petits pieds dedans.

Mon aura doit être rose, en ce moment. Rose avec des sparkles, rose bling bling, rose à vomir.
Je vais aller écouter la Compagnie créole. Et n'accepterai rien qui soit en dessous de ça, aujourd'hui.

vendredi 8 juillet 2011

Quatorze semaines et trois jours

J'ai un problème.

D'achats compulsifs de certains items. Le Fils a, au moins, sept manteaux, pour l'été. Un approprié à chaque possibilité météorologique et en version "vas-y, salis-le" et "Potiche. Bouge pas. Ne le cochonne pas". Il possède de nombreux chapeaux et a aussi une vingtaine de paires de bas. Parce que, cliché - mais vrai - ma sécheuse en bouffe, mais surtout parce que je retire une satisfaction profonde à ce que ses bas soient coordonnés à son chandail...

Vrai de vrai. Je fais ça.

Et quand le Mari, qui n'a pas ce souci, se fout que ça soit équilibré visuellement [parce que ce n'est qu'une question d'équilibre pour le regard, mon travers], je tique tellement. Et je continue d'en acheter, de me réjouir quand je trouve ce qui manquait ("Chéri, il n'en avait pas de rouge, tu sais, pour aller avec ses souliers X"). J'ai beaucoup d'arguments pour justifier chaque nouveau manteau, chaque chapeau et chaque paire de bas supplémentaire. Le meilleur étant: "Chut. C'est moi qui l'achète." - version polie de "[gros yeux] Casse pas mon fun. C'est moi qui le paye.".

Je ne sais pas encore ce que ça sera, pour Fifille. Pour l'instant, elle ne porte que des pyjamas. Je l'ai habillée, quoi, trois fois, depuis sa naissance... elle a déjà trois manteaux, ça se pourrait que je poursuive dans cette voie... deux paires de Converse (qui lui feront dans un an, mais qui étaient juste trop... pour que je ne les achète pas), donc peut-être les souliers. Il y a un flou.

Moi, ce sont les sacoches et les souliers. Tellement pas originale. Les boucles d'oreilles, aussi. Et les gilets de grand-mère - ceux qui ferment avec de jolis petits boutons - et ceux de grand-père.
 
J'éprouve un - léger - malaise quand je parle de surconsommation à mes étudiants. Ce n'est pas comme si ça ne paraissait pas que j'aime porter mes vêtements... mais bon, je joue la franchise. J'ai du travail à faire, je fais partie du problème, mais le sais, alors la solution est à portée de mains... Je pousse sauvagement mes enfants dans la même voie, mais ça, c'est de la contradiction et j'en suis farcie. Et ça ne vaut rien que je dise ça, d'un strict point de vue argumentatif.

Mais... j'ai la volonté faible, parfois, et, dans ces moments, je n'ai même pas besoin de raisons autre que: c'est beau.

mercredi 6 juillet 2011

Quatorze semaines et un jour

Fifille sieste.
Je le devrais, sans doute, aussi, mais je ne le peux pas. Je n'ai jamais pu dormir en même temps que la progéniture, de jour, s'entend. C'aurait été et ce serait une bonne chose. Je le sais. D'autant plus que je passe une partie de mes soirées - pas journées parce que je suis seule avec Fifille et que c'est plus plaisant de chialer au Mari... en fait, c'est surtout plus satisfaisant - à me plaindre de mon manque de sommeil.

Mais quand il dort, le jambon à sa maman, sa maman, elle, elle peut faire quelque chose. Qui lui tente. Ces temps-ci, ça se résume pas mal à prendre un café, perdre du temps devant l'ordinateur, lire. Rien de très constructif, d'où l'agréable du moment. Au début, j'avais l'urgence de bien remplir ce temps, de "faire" dans le sens utile et plein du terme.

Pouahahaha! Quelle idée à la con. Quel vouloir désagréable.

En fait, je me disais qu'étant à la maison, il était de mon devoir, en plus de m'occuper du Poupon, de... tenir maison. De remplir tout mon temps de ça. Eurk de chez eurk. Non de chez non. C'est pas vrai. Les milliers de femmes qui ont milité pour que, moi, je sorte de ma maison, les Simone de Beauvoir et autres, n'ont pas travaillé aussi fort pour que je me dise le plus sérieusement du monde - et que je me crois - que c'est mon foutu rôle de torcher. Non - et c'est un non d'enfant de deux ans qui sort de ma tête, là.

Alors, je me suis achetée un violoncelle - j'ai la protestation efficace et soft et légèrement absurde.
Je n'en ai jamais joué, je ne lis pas très bien la musique. Détails.
J'apprendrai. Et ça sera bon pour les synapses de Fifille, m'entendre pratiquer des gammes et autres. J'y tiens aux synapses et à à leur exponentielle multiplication.  

Alors, du ménage à petite dose, beaucoup de pouponnerie, mais aussi du temps pour juste rien.
No shame aloud.

mardi 5 juillet 2011

Quatorze semaines

Hier: premiers "arrrrreu" et premiers rires... grosse journée pour mon petit jambon de Fifille!

Le samedi, depuis les deux dernières années, nous prenons une marche, pour aller petit-déjeuner au centre-ville. Le Fils a-d-o-r-e les croissants et la mousse de lait avec de la cannelle. Le Mari et moi a-d-o-r-o-n-s être assis dehors, siroter le café au lait et mettre la "bitch switch" à on pour commenter... tout et tout le monde. L'art de se sentir normaux ou mieux que les autres en les chosifiant et en les réduisant à leur apparence extérieure. La facilité facile qui fait du bien. Surtout en post accouchement.  

Samedi dernier, pendant ce moment agréable, Fifille a, elle aussi, voulu se joindre au petit boire familial et a réclamé son biberon de lait-puant-sans-lactose. Une horreur. Vraiment. Manifestement, elle n'est pas au courant, car elle le boit avec appétit. Donc, nous étions assis dehors, le soleil nous réchauffant, les papillons virevoltant et Fifille, les yeux à demi-clos, se goinfrant, quand une passante, avec conjoint et enfants, me lance: 

- "Vous savez, le lait maternel, c'est ce qu'il y a de mieux." 

Comme ça, sur le trottoir.
Avec ce ton de grandeur propre à ceux et celles qui savent, ceux et celles avec qui la vérité ose se dévoiler, ceux et celles pour qui le reste du monde est un gigantesque bassin d'idiots à qui il faut professer ladite vérité.  Euh... madame... what  the f**k?

Le tact ne fait plus, depuis quelques mois, partie de mes compétences, alors voici ce qui est sorti de ma bouche l'instant d'après: 

- "Ben, un biberon c'est plus pratique pour lui donner son gin, le soir, si je veux qu'elle fasse sa nuit..., vous comprenez?"

 Non, mais. Mon t-shirt ne portait pourtant pas l'insigne "critiquez-moi, s'il-vous-plaît, j'aspire à être un être plus éclairé de votre sagesse, aujourd'hui".

Je n'ai pas allaité le Fils, je n'allaite pas Fifille. Je sais que le lait maternel est la plus meilleure chose au monde, que c'est vivant, à portée de main et de bouche, toujours à la bonne température, que c'est naturel, meilleur pour l'attachement, que ça fortifie le système immunitaire et que les bébés allaités ont plus de chance de recevoir un prix Nobel ou d'être des personnes inspirantes pour leur entourage... je sais tout ça. Je l'ai lu, on me l'a dit, je l'ai voulu. Mais c'est ça. Il y a des gens et des situations et des choix. Je ne lui donne tout de même pas du Dr Pepper, à Fifille, et je crois qu'elle reçoit autant d'amour que n'importe quel enfant.

Alors quand une infirmière me culpabilise de ne pas allaiter ou une passante ou quiconque, c'est mal. Et pas de leurs affaires. Surtout pas de leurs affaires.

Donc, Madame la passante bien intentionnée et généreuse de ses conseils, je vous remercie d'avoir pris le temps de m'aider dans mon rôle de mère et de vouloir que chaque enfant québécois soit le plus meilleur qu'il puisse être. Merci, merci, merci. Il devrait y avoir plus de citoyens comme vous. Mais, du fond de mon coeur qui se situe plutôt loin de ma raison par les temps qui courent: Je. Vous. Emmerde. Beaucoup.

jeudi 30 juin 2011

Treize semaines et deux jours

Fifille, mon poulet adoré, a dormi de 19h à 3h22.

L'investissement dans le rituel du dodo semble porter fruits. À tous les soirs, depuis deux semaines: le bain à 18h, un massage, le pyjama, une page d'Alice au pays des merveilles, le lait tout chaud, puis dodo. Au début, il y a eu de la résistance, Mademoiselle ne voulant pas vraiment s'endormir toute seule et préférant se faire bercer par maman jusqu'au sommeil. Mais depuis quelques jours, elle commence à s'endormir toute seule. Sans savoir que maman est juste derrière, assise dans la chaise berçante, au cas où...

I can feel it. Sanity is coming back.
Je l'attends impatiemment. Avec des bulles.

Bulles que je collectionne, dans mon frigo. J'ai un petit côté obsessionnel-compulsif.
Depuis la naissance de Fifille, à chaque fois que je vais à la SAQ, peu importe l'alcool que je souhaite me procurer, il faut que j'achète des bulles, champagne ou mousseux, selon le budget du moment. Bulles que je range au frigo en attendant une occasion de les boire. Je me questionne encore sur les motifs profonds d'une telle "étrangerie" comportementale, mais ça aurait pu être pire comme travers et, pour l'instant, considérer qu'il y a pire suffit pour me rassurer.

Ça prend de la place, dans un frigo, toutes ces bouteilles.
Les occasions suffisantes ne pleuvent pas...Mon problème réside dans le mot "suffisant", mes critères sont trop élevés. Un ami m'a suggéré de les créer, mes occasions.
Ouais, suggestion pertinente. Alors, hier soir, au sommet du délire de fin de journée (quand le Fils mange, que Fifille réclame à boire, que le foutu chat désespère tout le monde de son existence), nous avons ouvert une bouteille. Juste parce que.
Et, voir l'assiette de macaroni du Fils voler dans les airs au travers de ma coupe bien bullante a été une expérience quasi mystico-esthétique. Je ne pouvais pas me fâcher, c'était beau: les petites bulles qui montent, toutes frétillantes d'atteindre le haut du verre, en contraste avec les pâtes bien figées sur le plancher et les taches de sauce tomate.
Regarder le Fils essuyer une partie de son dégât - une joie de la discipline incitative: la réparation - au travers du filtre euphorisant, priceless.  

Des suggestions comme celle-là, à tous les jours. High Five. Vraiment.

mercredi 29 juin 2011

Treize semaines et un jour

Fifille a trois mois.

Hier, nous avons eu un "moment", pour ne pas dire "ze" moment. Elle était adossée contre mes cuisses, face à moi, pleine de lait [qu'elle m'a vomi dessus en trois coups, peu après, mais ça, c'est autre chose], ses petits membres gigotant dans tous les sens. Soudain, elle a juste cessé de bouger et son regard, tellement habité depuis quelques jours, s'est accroché au mien. Pendant deux longues-courtes minutes, elle m'a regardée comme si elle me voyait pour la première fois, comme si elle me connaissait depuis toujours, comme si elle  percevait tout ce que je suis. Elle m'a littéralement touchée de ses yeux.
Puis, elle a souri. La plus jolie ligne de visage, ever.

Alors, une évidence m'a prise au creux du ventre: pour Toi, Fifille, avec Toi, Fifille, je peux tout, je ferai tout. Ma vie pour la tienne, n'importe quand. [J'ai eu, par après, un conflit interne par rapport au Fils à ce sujet, parce que j'ai eu le même genre de révélation le concernant, mais je me suis dit que l'important, c'était la force du message, pas les détails d'application]

Tout ça. Deux minutes.
Un chemin entre quatre yeux et je pourrais me jeter de toute mes forces, de toute ma conviction, devant un train, pour Elle. Avec une certaine joie. Et pas celle de mon sarcasme habituel. 

Les kilolitres de vomi m'ont ramenée rapidement à la réalité. Les bébés sont géniaux pour nous garder les deux pieds dans le béton du sol. 

Le projet: Je n'ai pas abordé la question du projet, depuis quelques jours, car c'est devenu un véritable problème, dans ma tête. Mon système de classification des choses à faire est très pyramidal et faire ce qui est au dessus implique que ce qui est en dessous soit fait. À la base de la pyramide se trouve le ménage, le lavage, les biberons à faire, les choses à acheter, ce genre de désagréments qui roule et revient, sans cesse. Ensuite, les factures à payer et à classer, les rendez-vous à prendre et auquel se présenter... Puis, viennent, mais pas dans l'ordre, terminer le recueil de nouvelles, faire quelque chose de ma foutue maîtrise, rédiger les carnets de bébés des bébés, réussir une crème brûlée parfaite et autres. Alors, comme le ménage ne finit jamais... j'ai un peu de difficulté à monter dans mon propre édifice. J'ai arrêté de faire des listes pour cette raison. Je n'y arrivais pas. Alors, veux-je vraiment ajouter quelque chose? Veux-je vraiment ajouter quelque chose qui pourrait devenir une source supplémentaire de stress?

Il semble que oui. J'aime les défis.
Et je me dis que si je trouve quelque chose de réellement amusant, de profondément léger, ça m'aidera peut-être, en fait.

lundi 27 juin 2011

Douze semaine et six jours

J'avais un idéal. Une journée type.
Avec Fifille, on serait organisées, structurées, tout en laissant suffisamment de place à l'imprévu. Une routine avec de légères variations, question d'entraîner sa capacité d'adaptation - celle de Fifille, pas de la routine. Un éternel retour du même qui n'en serait pas un vrai de vrai parce que j'y aurais intégré des surprises. Entre les boires et les siestes, stimulation, jeux, exercices, promenades, histoires... la totale pour faire de Fifille un être épanoui de lui-même qui développera chaque parcelle de potentiel existant et en puissance dans son petit corps jambonesque. Tout cela en s'assurant de ne pas la sur-stimuler et être la cause de crises d'anxiété qui réduiront, au final, son plein potentiel à néant.
Ça, c'était le plan. Du moins, les grandes lignes.

Ô surprise, ça l'a foiré. Pas complètement, on fait des choses, quand même, et je l'encourage fortement à dépasser l'état larvaire et à devenir quelqu'un.
Mais... sérieux, c'est... lassant.
À la longue. Et "la longue" arrive assez tôt. Généralement, après le deuxième boire du matin, toutes mes envies de mère épanouissante et actualisante ont foutu le camp. À moins que je ne boive beaucoup de café. Là, j'ai la stimulation facile. Je bouge beaucoup, je parle vite et je vois, dans les yeux inquiets de Fifille, qu'elle me préfère moins "là", moins entreprenante de nos personnes.

À tous les matins, je me dis que je vais me conformer à l'horaire. Depuis qu'elle est sortie de la néonatologie.

Ce faisant, j'oublie - sans doute volontairement pour ne pas culpabiliser - que j'ai tendance à mettre la barre haute et à confondre ce que je veux avec ce que je peux. Je me bats constamment contre le réel. Il me fout des raclées, quasi quotidiennement. Du léger soufflet au uppercut, selon ce que j'ai voulu me faire croire.

Là, je crains à tous les jours de ne pas en faire assez. Pour elle. Pour notre lien d'attachement. Pour son moi profond. Pour sa pyramide de Maslow. Pour sa pensée formelle. Pour son Freud. Pour tout.
Et je l'entends déjà me dire que je suis la source de tous ses malheurs, qu'elle n'a pas demandée à venir au monde et que je devrais - sans-argumenter-pour-une-fois-merde - la laisser sortir de la maison avec ses cheveux teints en vert.
Liberté d'expression, maman, tu connais?
Oui, je connais, Fifille. Je connais. C'est moi qui ait angoissé à te la mettre dans la tête...

So be it.

dimanche 26 juin 2011

Douze semaines et cinq jours

Je crois que je survivrai à ce weekend de trois jours.

C'était plutôt mal parti, Fifille faisant une poussée de croissance - comprendre: elle boit sans arrêt et une partie de sa volonté semble viser la transformation en jambon - gros jambon - comme fin ultime du processus - et le Fils perce, encore, une dent. Sincèrement, j'étais convaincue qu'il les avait toutes. Je me souviens de lui avoir tâter les gencives et d'y avoir trouvé tout ce que je cherchais. Deux paires de molaires en haut et en bas.

Ben non.

Faut le faire, halluciner des dents. C'est juste que ça fait, quoi, un an et demi, qu'il en perce des dents et qu'il est continuellement une souffrance pour lui-même et ceux qui l'entourent. Il a ses moments de joie, évidemment. Ils sont juste très discrets, presque humbles dans leur manière d'exister sans trop vouloir qu'on le sache.
À moins que je ne me trompe, encore, ça devrait être la dernière. Le tâtonnement est désormais une tâche du Mari, je n'ai, manifestement, pas la tripote fiable. J'ai l'illusion facile, en fait. J'aime que le réel se conforme à mes projections. Petit défaut. J'y travaille.

Je n'ai pas fêté la St-Jean. La fibre patriotique n'a pas vibré, du tout. Du tout. J'ai bien bu un "petit punch" - rhum, citron vert et sucre de canne - avec une amie, mais c'était de la thérapie.
De la thérapie festive.
Ça fonctionne à merveille. L'effet, cependant, n'est pas permanent. J'y travaille, aussi.
 

jeudi 23 juin 2011

Douze semaines et deux jours

Voilà deux nuits consécutives que Fifille espace ses boires de 5 à 6h30. Ça s'en vient. Wouhou.

Bien que, médicalement parlant, elle fasse ses nuits, de mon point de vue, il y a encore place à l'amélioration.  À tous les soirs, je lui fais un pep talk sur les vertus du sommeil et les bienfaits communs que nous pourrons retirer si, toutes les deux, nous dormons suffisamment longtemps. Je sens que je poke quelque chose, quelque part, ce faisant. Ça se sent, dans ses yeux, qu'elle saisit l'importance du propos. Pour son bien-être.
Je crois que, quand il est question de survie, le cerveau met en branle des ressources incroyables et insoupçonnées.

Je sais, c'est terrible d'oser demander quelque chose à un poupon de cet âge. Surtout de s'améliorer dans quelque chose alors que la pauvre petite peine à gérer au minimum son corps.
Mais, je suis terrible.
Et je l'assume quand même bien. Et c'est mon seul argument.

Hier matin, bonheur: brunch avec des collègues chez un collègue qui habite creux, très creux. Là où les oiseaux chantent en permanence, où les mouches virevoltent, où le vert domine. En temps normal, j'apprécie peu ce genre d'environnement qui m'est tout à fait hostile.
Le bois et moi, non.
Les insectes me bouffent, l'odeur des fleu-fleurs finit par m'écœurer et je ne communique pas très bien avec les arbres. Je suis plus du type béton.
C'est prévisible, le béton.
Mais hier, ô surprise de moi à moi, j'étais bien. Au point de commencer à trouver ça louche et à suspecter l'approche d'un délire psychotique. J'ai même marché pieds nus, dans la boue et autres substances que l'on trouve dans un bois. Au départ, c'était parce que je ne voulais pas cochonner mes adorables espadrilles de coton, mais finalement, je n'avais plus du tout envie de les remettre. Être dans le sol, c'est bon pour la tête.

Être loin de la maison, sans personne qui a un besoin quelconque auquel je pourrais et qu'il me faudrait répondre dans les plus brefs délais (voire auquel il aurait fallu que je réponde avant même que je sache qu'il existe), dans un certain silence, un calme certain et avec les deux pieds dans la boue et les branches, ben, ça te ravigote une madame. À essayer.
Et un brunch, en soi, c'est thérapeutique.

Retour sur je-ne-sais-plus-quand: j'ai fini par vider ma boîte vocale et j'ai ouvert une partie du courrier. Je n'ai pas éprouvé la satisfaction attendue. Je me trouvais juste trop poche d'avoir laissé une telle situation se produire pour retirer du plaisir d'avoir accompli la tâche. Vraiment poche.

J'ai perdu de précieuses minutes de ma vie. Qui auraient pu être employées à regarder MTV avec attention plutôt qu'avec une demi-concentration. J'ai tout de même réussi à comprendre que Heidi, The Hills, souhaitait un bonnet H pour ses seins refaits parce que H, c'est la première lettre de Heidi, you know.
Misère. Désespoir. [soupir et serrements de dents]
Ma foi dans le genre humain a tendance à vaciller dans ces moments-là.
Et mes étudiants qui se demandent pourquoi je suis sarcasmo-cynique, parfois... ben , pour ça.

mercredi 22 juin 2011

Douze semaines et un jour

Je. Perds. Mes. Cheveux.

C'est suffisant, pour aujourd'hui.
Je crains que chaque mouvement, chaque frétillement, chaque soubresaut d'une partie de mon corps en fasse tomber un de plus.
[Si certains ne le savent pas, pendant la grossesse, les cheveux ne tombent plus, mais environ trois mois après l'accouchement, la maman - déjà passablement enlaidie par le mou, les cernes, le teint vert et autres - perd tous les cheveux qui ne sont pas tombés en plus de l'habituel 150 par jour et c'est désespérant] 

lundi 20 juin 2011

Onze semaines et six jours

Fifille fait la conversation à un oiseau en peluche ou à elle-même, je n'en suis pas certaine. C'est que, depuis quelques minutes déjà, je suis convaincue que son oeil droit parvient à voir le gauche et vice versa, il se pourrait donc qu'elle fasse de l'auto-conversation, mais sans nécessairement savoir qu'elle se parle... Je me demande comment son cerveau gère ce genre de situation... si ça augmente le nombre de synapses ou le risque d'un court-circuit...

Je n'aime pas trop quand ses yeux font cela. Je sais qu'ils ne resteront pas "pris" dans cette position, comme plusieurs tantes et autres représentant(e)s des générations supérieures le disent, mais j'ai une certaine hantise de l'air "sartrien", d'autant plus que le risque est là because prématurée et because il y en a dans la famille. L'envie de lui donner une légère "pichenotte" entre les deux yeux, pile dans le troisième oeil - histoire qu'elle n'ait jamais le désir de se l'ouvrir -, me démange, à chaque fois. Un tout petit coup, pour ramener l'Idée à sa place et les yeux au centre. Mais bon, pas de sur-inquiétude avant qu'elle n'ait six mois. Après, si le louche persiste, on verra. 

À faire: il y a des choses que je dois faire, aujourd'hui, impérativo-nécessairement. Des choses que je repousse depuis... la naissance de Fifille. Vider la boîte vocale, lire le courrier (ouais... presque douze semaines sans ouvrir une seule lettre, une attitude vraiment responsable) et faire le ménage dans mes courriels. D'un passionnant. J'en trépigne intérieurement. J'en aurai pour la journée tellement je sens que la partie "procrastinante" de ma personne brûle de se mettre en branle. Je ferai donc beaucoup de choses parce que j'ai la procrastination efficace: repousser la tâche à accomplir, dans le temps, mais compenser par la réalisation d'une autre tâche pour ne pas sombrer sous le poids de l'auto-culpabilisation. C'est génial comme système, il s'est élaboré sur de nombreuses années...

Le projet: toujours le vide, mais j'ai l'intuition que ça progresse...

samedi 18 juin 2011

Onze semaines et quatre jours

Fifille a laissé un long six heures et quart entre deux boires, hier soir. Elle en est capable. Joie de chez joie, l'espoir d'un sommeil profond, enfin, se pointe. J'ai fait la vague, pour elle, à 1h40 du matin, pour lui signifier ma gratitude. Le biberon a été une récompense suffisante, mais je tenais au petit plus festif.

Il se peut que ça ne se reproduise pas avant un certain temps, mais le simple fait de savoir qu'elle le peut, que cela soit désormais un possible, m'aidera à tenir le coup. Du moins, théoriquement. Et c'est important d'avoir un appui théorique, dans sa tête. Quand le réel fera défaut, ne sera pas à la hauteur de l'espéré, je pourrai penser à ces six heures, en espérer d'autres, me vautrer dans un sommeil fictif et du coup, je pourrai persister à croire. Chaque soir sera la promesse d'une nuit dormie et la déception de chaque réveil sera compensée par l'espoir que la prochaine nuit sera la bonne. Mes trois neurones actifs devraient m'aider à entretenir ce cycle... au pire, une petite demande au saint du sommeil et une à l'Univers, dernier recours des désespérés. S'adresser à l'Univers, c'est tellement réconfortant. Il n'y a pas d'oreille plus attentive, de volonté plus empressée d'exaucer les souhaits d'une mère en manque de sommeil. La famine, les problèmes environnementaux, les guerres et Justin Bieber pourront attendre. Je dois dormir. Univers, écoute mon égocentrique appel et dans ta gestion omnipotente des choses, montre-moi que je t'importe et réponds à ma demande.

Le café m'appelle. Et la couche du Fils m'interpelle. [Suis-je vraiment rendue à faire ce genre de jeux de mots? Ark. J'ai le droit avant huit heures.]

vendredi 17 juin 2011

Onze semaines et trois jours

Parfois, je me demande comment j'en suis venue à faire confiance à un anus. À deux même, celui du Fils et celui de Fifille. Comment la personne plus ou moins rationnelle que je suis, à chaque changement de couche, ose lever ses yeux de là, ne serait-ce qu'une seconde pour jeter la couche souillée ou prendre une lingette. Pourtant, je le sais.
Tout peut arriver.
Sans prévenir, même si je considère que tout a été fait. Une autre maman, lors du séjour en néonatologie, citait Joyce qui disait, à peu près, que rien n'était plus surprenant que le derrière d'un bébé. Je seconde et j'admire la pertinence de la comparaison. C'est si rare une vraie bonne comparaison.

Ce qui me trouble le plus, c'est la surprise que je ressens, à chaque fois. Fait qui me permet de mesurer l'ampleur des dommages au cerveau. Je pourrais faire chic et parler du pseudo-philosophe en moi qui ne peut cesser de s'étonner... je pourrais. Mais j'aurais l'impression d'en mettre, un tout petit peu. Quoique c'est consolant. Considérer que l'étonnement devant un popo-pipi-et-parfois-petit-vomi surprise est une posture philosophique, ouvre la porte à un tas de questionnements qui sont tout-à-fait à la portée de ma présente condition. Un nouvel horizon pour le penser: le temps du popo - entre la certitude et la surprise - flou existentiel; l'impératif déféquentiel du poupon et la tâche sisyphique de la mère...
Ce n'est surtout pas une forme détournée du déni. Vraiment pas.
Du délire, peut-être.

Retour sur hier: hier, il faisait beau. Très beau. Voilà.

Le projet: toujours à la recherche de. J'ai déjà exclu tout le domaine artisano-créatif. Scrapbooking, macramé, tricot, peinture sur bois et autres merveilleux plaisirs à mettre sur un divan ou une étagère ne sont pas dans mon champ de compétence et je retire très peu de plaisir à m'y adonner. Parce que ce que je fais, c'est laid. Et je le vois. Et je l'assume à moitié. Je ne veux pas que le Mari, par exemple, en parle. Alors pour m'éviter l'humiliation de voir la dissonance entre ce qui sort de sa bouche - "C'est beau, chérie. Tu es bonne pour quelqu'un qui commence." -  et l'expression - d'horreur, de dégoût - que je pourrai lire dans ses yeux et les plis de son visage, je me refuse à cette catégorie de loisirs. On devient bon  à force de pratiquer? Pas nécessairement. J'ai réussi à régresser dans ma capacité à faire du vélo... alors... Non.

mercredi 15 juin 2011

Onze semaine et un jour

Fifille m'a fait un combo pack, hier: sourires voulus et "et ben... cette main, c'est à moi?".
Beaux progrès dans le devenir quelqu'un.
J'ai applaudi. Mes enfants ne pourront pas dire que je ne les encourage pas, j'ai presque des ecchymoses dans les mains à force d'applaudir à tout ce qu'ils font.  Clap, clap pour le beau caca; clap, clap parce que le Fils utilise sa fourchette plutôt que ses doigts pour manger; clap, clap parce qu'il a mis sa crotte de nez dans la poubelle plutôt que sur le mur, sur maman ou dans sa bouche... J'ai le clap clap en bruit de fond. Avec les pleurs de Fifille (le médicament prendra un certain temps à calmer les douleurs et à contrôler l'acidité...). Je suis certaine qu'un bon DJ pourrait faire quelque chose avec cela.

Avant d'être maman, je me disais que je n'achèterais jamais la panoplie (jouets, film, drap, t-shirt et autres) à l'effigie d'un ou d'une idole de mes enfants. Jamais. C'est de mauvais goût et ça n'a pas de fin. Et qu'est-ce que je fais - sans que le Fils ne le demande - quand je vois une énième chose avec Flash McQueen dessus? Je l'achète. Et je suis contente de le faire parce que je sais que le Fils aura des brillants dans les yeux.  Parfois, je pourrais trépigner sur place tant j'anticipe son cri de joie.
C'était une règle importante, pour moi. Et je la transgresse, constamment. Je ne me reconnais plus.    


Retour sur hier: le mou a fait son travail. J'ai regardé Trainspotting en pliant des vêtements - faut maximiser le temps - et Ewan m'a aidée à mettre du vouloir dans mes mouvements, un certain entrain aussi. 

Projet du jour: J'en suis à me dire que je devrais m'investir dans un projet plutôt que de me torturer l'esprit, à chaque jour, pour pas grand chose, finalement. Si ça m'emmerde, ça ne remplit pas sa fonction première et j'ai l'impression de gérer cette chose comme la question "Qu'est-ce qu'on mange, ce soir?", avec dégoût. Alors, je cherche un projet enthousiasmant que je pourrai échelonner sur une [soupir] trentaine de semaines et dans lequel je vais sentir que je fais quelque chose dans le sens fort du terme. Pour moi.

mardi 14 juin 2011

Onze semaines

Pourquoi, avec la maternité, les visites à la pharmacie deviennent-elles un moment aussi... agréable? festif? souhaité? [n'importe quel qualificatif joyeux qui pourrait impliquer des confettis et qui ne devrait pas définir une expérience dans un lieu où l'on vend de la crème contre les hémorroïdes et où l'on peut entendre une personne décrire ses cors aux pieds ou se questionner sur le degré d'absorption des couches pour adulte]

À chaque fois que nous devons y aller, peu importe l'heure et la raison, je me précipite, je m'élance, je revendique cette opportunité. C'est mon droit. Je suis celle qui sait ce qu'il y a à acheter à la pharmacie et il faut que ce soit moi qui se charge de cette tâche. Et j'aime vraiment ça. C'est tout blanc, lumineux, ça sent le médical avec un brin de push-push floral, parfois, selon les allées. Et il y a de tout pour la madame qui cherche à combler des trous de vie: revues à potins, crèmes et autres artifices pour camoufler le massacre, que dis-je, l'état de guerre qui sévit sur tout le corps, jolies bouteilles d'eau (ma pharmacie est fancy)...

J'aime le superflu qui accompagne le nécessaire de ma visite (couches, lait, comprimés pour le mal de tête).

Dernièrement, je ne peux y aller sans acheter un trio terrible: réglisse rouge, biscuits mous aux brisures de chocolat et poudding à la vanille. J'ai presque eu peur que numéro trois soit en élaboration. Mais non. Quand même. Non. Vraiment pas. Je ferme les yeux sur cette éventualité inexistante.

Et, petit conseil, il ne faut pas - en voiture - trop s'appliquer à manger sa réglisse, être trop concentrée sur sa conduite et n'utiliser que sa bouche pour manipuler la chose. Il peut toujours y avoir, à une lumière rouge, une voiture voisine remplie de six - oui, six - douchebags puissance mille de 18 ans qui vous trouveront vraiment intéressantes, mesdames, et s'exciteront à coups de klaxon, vroum vroum, et musique dans le tapis pour vous le démontrer... Et c'est un spectacle lamentable.  Toutefois digne du Discovery Channel.

Retour sur hier: En deux coups. Un coup de pratique - je n'avais pas joué à Guitar Hero depuis un certain temps - et un victorieux. Beat it, 100%. Je ne dis pas à quel niveau. 100%. C'est ce qui compte et c'est ce qui a impressionné le Mari. Rien de plus à ajouter.

Projet du jour: j'ai encore de la difficulté à dissocier "projet" - chose que j'ai le goût de faire et qui était la substance de cette section - et "choses à faire" - que je n'ai pas le goût de faire, mais qui doivent l'être. Je vais regarder Trainspotting, pour la millième fois. L'accent écossais d'Ewan me remplit de mou à chaque fois et j'ai besoin de mou, en dedans (non, mauvaises interprétations de ce que je viens de dire = interdites).

lundi 13 juin 2011

Dix semaines et six jours

L'intuition était bonne. Un poupon n'a qu'à peu près quatre besoins et s'ils sont comblés, il est heureux. S'il pleure, c'est qu'il y a quelque chose. Le quelque chose avec Fifille se nomme reflux gastro oesophagien, chose fréquente chez les prématurés et très douloureuse. Chose pour laquelle une médication s'impose et tout devrait rentrer dans l'ordre. Alléluia.

Nous savions que l'inconfort provenait d'un moment quelconque du processus digestif, restait à savoir lequel.

J'ai rencontré une "extatique", à la clinique. Le genre qui en veut vingt, enfants..., qui rêve jour et nuit de caresser sa belle grosse bedaine pleine de vie, qui connaît ça, les bébés parce qu'elle en a tellement gardés, le genre à qui j'ai envie de dire "Non, mais, chut.".
Mais je n'avais pas envie d'éclater sa grosse bulle de joie alors j'ai joué le jeu: "Tu vas voir, c'est l'expérience de ta vie. C'est tellement épanouissant. Il n'y a rien de plus beau que le visage de ton enfant qui dort, repu de lait, souriant aux anges. Quand sa petite main tient fort-fort l'un de tes doigts, tu sens que tu es importante et que tu le seras pour toujours. Vraiment, c'est tout un cadeau que tu te fais. L'accouchement? Un seul mot: WOW." . Fifille a été appelée, je n'ai pas pu continuer. Je me sens un peu mal, mais ça l'a fait du bien.
Je hais, les "extatiques". Me donnent envie de vomir.

Projet du jour: battre mon record à Guitar Hero. En cinq coups. Je sens que je vais être fière de moi, ce soir, et que je vais avoir quelque chose de substantiel à raconter au Mari. Super.

dimanche 12 juin 2011

Dix semaines et cinq jours

Fifille est une hurlante.
Du type qui aurait été le bienvenu avec un décodeur. J'avais ce vague souvenir qu'un bébé - petit comme ça - ben, ça avait à peu près quatre besoins et que s'ils étaient comblés, le bébé serait plein, en parfaite harmonie avec son corps, dormant et/ou souriant. Non, non. Apparemment, ça peut être plus compliqué. Mademoiselle est une championne des messages contradictoires: mon corps te montre, maman, que j'ai faim, mais je ne veux pas de lait et je hurle. Plus chaud, le lait? Changement de position? Mauvaise orientation du biberon? Le moment du boire est devenu une réelle anticipation. Je commence à développer un tic nerveux quand l'heure approche, mon oeil droit se met à cligner plus rapidement.
J'espère que ça ne sera pas un dommage collatéral permanent de la maternité.

Cette fin de semaine a été particulièrement éprouvante. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais le Mari et moi avons fini par atteindre le breaking point, le moment où tout pourrait vraiment mal se passer. Le sommet de la crise était pourtant un moment ordinaire: [le Mari est parti à un rendez-vous] Fifille pleure particulièrement fort, dans sa bassinnette [elle a bu, le rot est fait, sa couche est propre, elle a été un bon moment dans mes bras à se faire chanter des chansonnettes et à se faire bercer...], j'essaie de coucher le Fils, pour sa sieste - je le berce pendant qu'il boit un gobelet de lait et là, sans raison, il se met, lui aussi, à hurler et j'ai droit au coup de paume dans le front, un gros coup de paume dans le front.

J'ai craqué. Les larmes n'arrêtaient plus. J'ai réussi à mettre le Fils au lit sans qu'il ne se rende vraiment compte de quoi que ce soit, pour aller prendre Fifille qui, évidemment, n'avait pas cessé de pleurer. Tout ça en devenant de plus en plus limite de mon état. Fifille s'est calmée -  à force de squats qui me donnent des fesses de béton - le Mari est revenu avec - ô joie - l'un de mes trois moyens de sublimation: des McCroquettes (les deux autres moyens étant le magasinage compulsif et le Gin Tonic) et, là, pendant que nous pensions pouvoir manger (le Fils, en passant, n'avait aucune intention de faire la sieste, il réorganisait sa chambre de fond en comble, mais j'étais trop... juste trop, pour faire quoi que ce soit), j'entends une toute petite voix qui dit: "Ah! Non! Gros, gros caca. Me changer. Me changer tout seul.". Le temps que j'arrive dans sa chambre, sa couche était ouverte, il avait une main dedans, le regard vraiment pas sûr d'apprécier ce qu'il faisait et l'autre main tenait une couche propre. Il en était à figurer comment allait-il faire pour mettre la propre alors qu'il était encore assis dans la sale...

Dix minutes plus tard, ils étaient, tous les deux, chez grand-papa et grand-maman.

J'ai pu hurler tout ce que j'avais à hurler en regardant Rihanna se trémousser, au Centre Bell. Fan hystérique, non, maman désorientée avec surcharge émotive à vomir, dans le mille.

Regardez où ça mène les "giddy up"...

jeudi 9 juin 2011

Dix semaines et deux jours

Eurk. Un matin comme je les hais. Ça arrive assez fréquemment, mais, à chaque fois, je me jetterais en bas des escaliers. Pas capable de m'habituer.

Le matin, c'est supposé être lent, un peu doux - le fouet venant du café ou du jus d'orange trop froid -, agréable, aussi, avec les oiseaux qui gazouillent et le vent qui fait "flacotter" les rideaux.Tout ça alors que l'on porte un peignoir en ratine de velours et que l'on papote de nos rêves de la nuit et des aspirations du jour avec l'être aimé, sous la couette. [J'ai le don de produire des images haut-le-coeur - peut-être vaut-il mieux me lire après l'ingestion d'un ou deux comprimés contre la nausée...]

Moi, ça fait deux ans que la toute première chose que je fais après avoir mis le pied hors du lit, c'est changer une couche de caca - le Fils étant tout le contraire de son "tasoeur", sur ce point - et faire un tas de commentaires sur la consistance de ladite substance, histoire de faire la conversation avec l'Enfant (ça l'a eu du bon, maintenant, il ne dit plus qu'il a fait un numéro deux, c'est plutôt "Maman, boulette" ou "Maman, gros gros caca") .  Après, c'est... une tornade: "veux du lait", "veux une barre tendre aux fraises", "veux Passe-Partout", "veux du jus", "non, pas gilet. Pas pantalon. Pas bas."... étalement des céréales sur la table, vérification de la consistance du beurre d'arachides en collant des bouts de toasts partout où c'est possible, lancé de la framboise ou du bleuet. Ça, c'est juste le Fils.
Parfois, je m'ennuie de mes matins Pepto-Bismol.

Retour sur hier: l'avantage des projets faciles à faire, c'est que le risque de déception est presque nul et du coup, l'estime de soi est préservé. Je suis effectivement allée à la piscine, je me suis baignée et c'était agréable. Je suis une amatrice du "clapote-clapote". Fifille dormait paisiblement, balayée par le petit vent. C'était super. À refaire.

Projet du jour: la seule envie qui m'habite, c'est dormir. Si je parviens à faire plus que cela, ce sera un bonus. Aujourd'hui, sera la journée sans projet. Je ne peux aller plus bas que cela. La remontée devrait être facile.

mercredi 8 juin 2011

Dix semaines et un jour

Surprise totale, hier soir: dialogue avec Fifille que je pourrais intituler "Les variations du A". Un long dix minutes d'échanges, de modulation de la voix, de bras qui gigotent dans tous les sens - les siens, évidemment - et de regards soutenus. Priceless.

Je commençais à déprimer un peu (je sais, je le cachais bien, personne n'aurait pu deviner) et je dis High Five aux effets instantanés du "prozac dialogique" avec ma fille! Le fait qu'elle ne passe plus la quasi entièreté de son temps d'éveil à hurler aide aussi, probablement.

Retour sur hierWork in progress.

Projet du jour: Piscine. Il me semble que je me force de moins en moins. J'y remédie, demain.

Fait divers: le Fils a prononcé son premier "Pourquoi?" à 20h41, hier soir. À mon impératif-non discutable: "Fais dodo", il m'a lancé un "Pourquoi?" auquel je n'ai pu répondre que par une sorte de gargouilli émotif un peu baveux. Pourquoi... la recherche de la cause, de l'explication, effort de compréhension, d'appropriation du monde... début de sa vie intellectuelle. Début, je le sens, d'une longue période argumentativo-négociativo-migraineuse, mais ça ira. La vie de l'esprit n'a pas de prix. Pour le Fils, je peux risquer une partie de la mienne - je ne risque, cependant, pas grand chose ces temps-ci...

mardi 7 juin 2011

Dix semaines

Dix semaines. Cinq en néonatologie, cinq à la maison. Fifille a, en âge compensé, trois semaines. Bien qu'elle ait un peu plus de compétences qu'un nouveau-né ou un bébé de trois semaines, il reste qu'elle est encore une sorte de poupon tout frais dans son attitude générale - comprendre: elle est encore au stade larvaire.

Dix semaines de cet état, c'est un peu long. C'est pour ça que je me suis vraiment excitée, hier, à la possibilité d'un sourire voulu qui marque la fin de cette période où l'on doute, par moments, que notre progéniture soit un être humain. C'est qu'avec le sourire voulu viennent une marque de reconnaissance, une intention, la signification d'une émotion nouvelle... quelque chose qui va du bébé vers autrui, fini le sens unique relationnel. Et ça fait du bien.
Les yeux semblent "habités" de quelque chose, ce n'est plus un vide inquiétant.
Ça, c'est franchement rassurant.
En théorie, je devrai attendre encore deux semaines avant que ça se produise, mais l'optimisme d'hier n'est pas complètement disparu et j'ai espoir que je n'attendrai pas aussi longtemps.

Une rupture dans l'éternel retour du même, enfin.

Retour du hier: le projet a été une r-é-u-s-s-i-t-e totale. La sangria goûtait Barcelone, le balcon était tout soleil et j'ai vu au moins une quinzaine d'écureuils (il se peut que ce soient les trois mêmes qui se relayaient...) faire la course sur le fil électrique. Super divertissement pour mes trois neurones: va-t-il le dépasser? Non, mais, comment fait-il pour sauter aussi loin? etc.

Projet du jour: faire le ménage que je n'ai pas fait, hier. Me vautrer dans mon incompétence, pester et peut-être finir par me décider à appeler une femme de ménage.

lundi 6 juin 2011

Neuf semaines et six jours

Lundi, retour à un certain calme. Il fait beau. Fifille ne semble pas vouloir prolonger son état de crise de la fin de semaine. Optimisme est le mot du jour - un mot qui doit flotter dans la tête avec des papillons, un peu de barbe à papa et beaucoup de miel, là, il fait du sens.

J'ai cru que Fifille avait fait son premier sourire volontaire, ce matin. Il y a eu un petit éclat, dans ses yeux, puis le sourire s'est tout doucement tracé, sur son visage. C'était beau, vraiment. Puis, j'ai constaté qu'elle ne me regardait pas tant, en fait. Son visage est devenu rouge, elle a relevé ses petites jambes, la béatitude toujours présente dans chacun de ses traits.

J'ai confondu son début d'humanité avec un popo. Un gros popo.

Ce n'est qu'une petite déception qui est largement compensée par le bien-être manifeste d'une Fifille délestée d'un kilo de popo. C'est qu'elle est kitsch, ma fille. On sent qu'elle préfèrerait un monde sans merde, elle tente d'en produire le moins possible. Ça l'a rend plutôt irritable.

Retour sur vendredi:

Les livres ont été achetés. Un imagier de l'espace pour le Fils, déjà abondamment feuilleté. Alice au pays des merveilles pour Fifille et moi, version Folio, à lire sur le balcon, à voix haute. Nous l'avons commencé, mais je n'ai pas encore trouvé de citation qui me plaise et à laquelle je pourrais accoler le mot "inspirante"...

Projet du jour:

Les minces acquis ménagers de la semaine dernière n'étant déjà qu'un vague souvenir, tout juste une impression dans l'air, il faudra recommencer. Eurk. Chaque coup de chiffon me renvoie à mon incompétence en la matière, à mon inefficacité. Aucun plaisir. J'ai essayé d'y trouver de la satisfaction ("Super, ça sent le citron" ou bien "Wow, il y a un comptoir là-dessous"), mais une phrase ne cesse de me revenir en tête: "Je pourrais faire autre chose.". Rien à ajouter.

Le projet agréable de la journée: faire une excellente sangria et la boire sur le balcon en regardant les écureuils faire la course sur le fil électrique.

dimanche 5 juin 2011

Neuf semaines et cinq jours

Retour sur le dernier message ou moment :

La madame, au dépanneur, je ne lui ai pas dit, mais, Fifille, elle se fait garder.
Deux demi-journées par semaine, depuis la semaine dernière.

Pourquoi ne lui aie-je pas dit? Ben... je n'avais pas le goût de me justifier, d'expliquer, de dire en quoi je ne suis pas une mère irresponsable ou encore indigne, pour autant. Parce que, même si les gens ne me le disent pas, je le vois dans leurs yeux, dans le "Ah." ou le "Ah! oui?" qu'ils me servent en l'apprenant, le jugement, dans le mauvais sens du terme.

Non mais, quand même, je suis payée pour vivre chaque nanoseconde de vie qui passe à symbioser avec mon bébé, à m'extasier, à être dans la pleinitude maternelle et maternante. Certes, certes, avec amour, allégresse "pis toute", mais 24 heures sur 24 dans le don de soi? Vraiment?

Je dis: Nah. Six heures par semaines, à moi. Juste à moi. Pour dormir, notamment, mais surtout pour que la partie reptilienne de mon cerveau cesse, un moment, de surfonctionner, que mes sens, en ébullition en présence des enfants - se calment. Si cela fait de moi une mère douteuse, soit. Je vivrai avec parce que, moi, je pense plutôt que ça me permet d'être une "plus meilleure" maman. Je n'ai pas fait cela avec le Fils, je ne pouvais pas le laisser à quelqu'un d'autre ne serait-ce que dix minutes. J'avais peur pour la qualité et la solidité de notre lien d'attachement... Quelle idée aussi de lire tout ce qui se fait sur le développement de l'enfant et ce, quand on est sur-fatiguée, en déséquilibre hormonal et un peu névrosée, au départ. Ça été tellement mal, dans ma tête, après quelques mois - et même si je le dis publiquement, ce n'est pas sans gêne: une vraie maman, c'est toujours heureux, non?- que, non, pas cette fois-ci.

Conseil de survie no 1: faire garder le poupon, sur une base régulière, ne serait-ce que 30 minutes.

Fait divers:

Hier, nous sommes allés au zoo. Moment marquant du Fils: un "Alakazou" qui fait - un gros - pipi. Depuis, il veut que je lui trouve un épisode de Passe-Partout dans lequel l'événement se reproduit et qu'il pourra visionner ad nauseam. Je sais qu'il ne saisi pas du tout le sens du mot "jamais", mais je vois qu'il comprend qu'il est supposé être déçu quand je lui dis: "Non, mon chéri, tu ne verras pas Alakazou faire pipi à la télévision. Jamais, jamais, jamais.". Petite torture d'une mère à son Fils pour l'aider à intégrer le sens d'un mot terriblement abstrait.

samedi 4 juin 2011

Neuf semaines et quatre jours

Je serai brève. La fin de semaine est généralement un peu anxiogène pour moi, tout le monde est là, il faut s'occuper et occuper sans arrêt. Je ne raconterai qu'une anecdote, un moment de vie particulièrement édifiant:

Hier, dans la file d'attente au dépanneur. Derrière moi, une madame du type madame et du type madame qui, je le sais, ne pourra s'empêcher de me parler. Je le vois dans ses yeux, derrière ses lunettes tellement beiges, dans ses mains dont les doigts se tortillent entre eux d'impatience. Je m'applique à l'indifférence, mais pour ce genre de personne, ça ne fonctionne pas. Elle s'en fiche. Tout ce qu'elle veut, c'est faire un commentaire sur le bébé et si possible, lui foutre un doigt dans la bouche (bizarrerie humaine que je ne peux m'expliquer).
Et ça se produit:


La madame: - Y'é dont ben petit ce bébé-là. Ça doit pas être vieux, vieux. (j'admire la perspicacité)
Moi: - Effectivement. Elle n'a que neuf semaines, elle est née prématurée d'où sa "petitesse".
La madame: - Vas pas leur dire, mais, moi là, j'trouve que des parents qui font garder un aussi petit bébé, ben, y devraient pas en avoir de bébé. Prends-le pas mal, je suis sûr que t'é une ben bonne petite gardienne, t'as l'air responsable. (l'admiration" prend une débarque") 
Moi: - Je suis sa maman.
La madame: - Oh!S'cuse-moi! Des accidents, ça arrive! Tes parents devaient pas être trop contents, hein? T'as-tu arrêté l'école? Le père y'é...
Moi: - Euh... je vais vous suggérer de vous taire. Vous vous enlisez de plus en plus et je me sens tirée par le bas à chaque mot que vous prononcez. Merci de l'intérêt. Et j'ai presque 30 ans, en passant.
La madame: - Ben, là, J'voulais pas te fâcher... est susceptible, la petite madame.


Juste vas chier, madame. Juste vas chier.

vendredi 3 juin 2011

Neuf semaines et trois jours

Fifille a bien dormi - comprendre des intervalles de trois heures entre les boires et non de deux heures ou d'une heure et demie. Mais le Chat - le foutu Chat - a fait état de sa dépendance affective en essayant de me soutirer des "flaflattes" une partie de la nuit. Je jongle entre l'euthanasie, le lancer du troisième étage ou le laisser seul avec le Fils, sans intervenir, dans le corps à corps - comprendre le câlin prolongé et vigoureux - qui s'en suivra. Cette dernière option m'enlève l'odieux de la fin et la responsabilité directe, mais j'anticipe les "impacts" sur Fiston et les frais de consultation en psychologie qu'il faudra, sans doute, prévoir au budget dans quelques années.
En même temps, si je pousse la réflexion, n'est-ce pas le rôle des parents de confronter leurs enfants à des situations problématiques pour qu'ils apprennent à trouver des solutions par eux-mêmes? Certaines situations ont peut-être un plus grand potentiel traumatisant, mais quel bagage émotionnel, quelle quête à l'intérieur de soi et combien d'heures mobilisées à s'interroger... c'est à la limite un cadeau.

*

Retour sur hier: je n'ai pas assuré. Du tout. Je me suis auto-sabotée. L'envie de lire n'était pas là, celle de trouver une citation inspirante - ça veut dire quoi aussi, ça? - encore moins. Je me suis dit que j'allais remettre cela en soirée, que j'aurais une plus grande disponibilité pour les choses de l'esprit, à ce moment. Pas du tout.  L'appel du Gin Tonic, de la poutine inversée et de la compagnie d'une amie l'a emporté sans que je n'aie à débattre, ne serait-ce qu'un instant, avec moi-même. Suis-je déçue? Pas tant. J'ai peut-être, ce faisant, suscité l'étonnement ("Ah ben. Elle l'a pas fait.")...

Mais j'ai fait quelque chose de grandiose avec les vêtements. Nous n'avons pas de garde-robe, dans notre chambre, alors nous suspendons pantalons, chemises et autres sur un porte-vêtements de magasin. J'ai classé tout ce qui s'y trouve par type, grandeur et couleur. J'ai fait ça, moi. Et j'en ai retiré un tel sentiment d'accomplissement et cette forte impression d'avoir fait quelque chose de réellement signifiant que j'en ai vomi dans ma bouche.
Trop de temps et l'impératif de "faire quelque chose" = un zèle malsain et une invitation ouverte à ce que Martha Stewart s'empare d'une partie de soi, la plus vulnérable et sans défense, celle sur laquelle la raison ne semble pas avoir d'effet. Ce matin, je ne la sens pas. Peut-être a-t-elle été expulsée ou s'est-elle cachée, je le saurai assez vite. 


*

Projet du jour: prendre une marche, me rendre à la librairie, acheter un livre pour moi (dans lequel je trouverai une citation inspirante - il me faudra aussi définir "inspirante"), un pour Fifille et un pour le Fils. Lectures de weekend. Ça devrait être plus concluant qu'hier.

jeudi 2 juin 2011

Neuf semaines et deux jours

Fifille n'a pas dormi de la nuit. Ouais, ouais, ouais. Chaque heure qui passe sans sommeil me rapproche de la débilité légère, mes neurones ne supportent pas. Mais je gagne en humour. Le Fils n'a fait que quatre crises, ce matin. Pour ses deux ans, ce n'est pas trop mal.

Crise 1:

6h30: je veux du lait - maintenant, maintenant, maintenant
6h31: je ne veux pas de lait (lance le gobelet)
6h31: je veux du lait  (arrache le gobelet de mes mains)
6h33: je veux du juuuuuuuus...

*

Retour sur hier: le projet a été décevant, finalement. J'ai passé trop de temps à chercher une recette que je n'ai, finalement, pas utilisée parce qu'il était rendu midi. J'ai donc fait une salade et des sandwiches. Ce n'était pas l'expérience culinaire que je recherchais. Et le Mari n'avait pas vraiment faim. Tout l'enthousiasme mis dans la coupe des légumes et l'assemblage du pain, du jambon, de la salade et du fromage, ne s'est pas transmis à nos esprits, suite à l'ingestion. Je l'espérais quand même un peu. Idiotie et pensée magique semblent s'accompagner.
La programmation de MTV était nulle. Je n'ai donc pas avancé plus qu'il ne le faut dans les tâches de la maison. Lave-vaisselle vidé et rempli, une brassée de vêtements de bébé de pliée et une autre oubliée dans la laveuse [elle s'y trouve encore].

Projet du jour: Je pourrais me la jouer facile et dire "dormir", quoique cela dépend de Fifille et cet agent interférant a rarement l'intention de m'aider dans la voie de la facilité. Je lui en suis reconnaissante, les efforts et les épreuves nous rendent plus forts...  Aujourd'hui, je vais... lire dix pages, juste dix, d'un livre et trouver une citation inspirante. Voilà. La barre le moins haut possible, je me le permets. Ça fait du bien, parfois, de n'avoir que des attentes très modestes envers soi-même.

mercredi 1 juin 2011

Neuf semaines et un jour

Fifille vient de boire. Son sixième biberon, depuis minuit. Ne veut pas dormir, pleure comme un petit chat. J'ai de légers tics nerveux, mais ça ira. Un café de plus et je serai joie et divertissement.

*

À faire: laver les biberons, plier les vêtements propres, vider le lave-vaisselle, le remplir... ce genre de tâches passionnantes. Seront-elles faites avant le retour du Mari? C'est selon. La programmation de MTV déterminant de beaucoup le rythme de mes avancées ménagères. À voir. [dit-elle comme si elle parlait d'une chose intéressante... l'important, c'est de se croire, non?]

Projet du jour: une salade de poulet, pour le midi. Pas l'énergie nécessaire pour une réalisation de plus grande envergure, aujourd'hui. Donc, trouver une recette, exécuter la recette, manger le produit fini et espérer en retirer une certaine satisfaction, voire une satisfaction certaine.

*