mercredi 29 juin 2011

Treize semaines et un jour

Fifille a trois mois.

Hier, nous avons eu un "moment", pour ne pas dire "ze" moment. Elle était adossée contre mes cuisses, face à moi, pleine de lait [qu'elle m'a vomi dessus en trois coups, peu après, mais ça, c'est autre chose], ses petits membres gigotant dans tous les sens. Soudain, elle a juste cessé de bouger et son regard, tellement habité depuis quelques jours, s'est accroché au mien. Pendant deux longues-courtes minutes, elle m'a regardée comme si elle me voyait pour la première fois, comme si elle me connaissait depuis toujours, comme si elle  percevait tout ce que je suis. Elle m'a littéralement touchée de ses yeux.
Puis, elle a souri. La plus jolie ligne de visage, ever.

Alors, une évidence m'a prise au creux du ventre: pour Toi, Fifille, avec Toi, Fifille, je peux tout, je ferai tout. Ma vie pour la tienne, n'importe quand. [J'ai eu, par après, un conflit interne par rapport au Fils à ce sujet, parce que j'ai eu le même genre de révélation le concernant, mais je me suis dit que l'important, c'était la force du message, pas les détails d'application]

Tout ça. Deux minutes.
Un chemin entre quatre yeux et je pourrais me jeter de toute mes forces, de toute ma conviction, devant un train, pour Elle. Avec une certaine joie. Et pas celle de mon sarcasme habituel. 

Les kilolitres de vomi m'ont ramenée rapidement à la réalité. Les bébés sont géniaux pour nous garder les deux pieds dans le béton du sol. 

Le projet: Je n'ai pas abordé la question du projet, depuis quelques jours, car c'est devenu un véritable problème, dans ma tête. Mon système de classification des choses à faire est très pyramidal et faire ce qui est au dessus implique que ce qui est en dessous soit fait. À la base de la pyramide se trouve le ménage, le lavage, les biberons à faire, les choses à acheter, ce genre de désagréments qui roule et revient, sans cesse. Ensuite, les factures à payer et à classer, les rendez-vous à prendre et auquel se présenter... Puis, viennent, mais pas dans l'ordre, terminer le recueil de nouvelles, faire quelque chose de ma foutue maîtrise, rédiger les carnets de bébés des bébés, réussir une crème brûlée parfaite et autres. Alors, comme le ménage ne finit jamais... j'ai un peu de difficulté à monter dans mon propre édifice. J'ai arrêté de faire des listes pour cette raison. Je n'y arrivais pas. Alors, veux-je vraiment ajouter quelque chose? Veux-je vraiment ajouter quelque chose qui pourrait devenir une source supplémentaire de stress?

Il semble que oui. J'aime les défis.
Et je me dis que si je trouve quelque chose de réellement amusant, de profondément léger, ça m'aidera peut-être, en fait.

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