vendredi 17 juin 2011

Onze semaines et trois jours

Parfois, je me demande comment j'en suis venue à faire confiance à un anus. À deux même, celui du Fils et celui de Fifille. Comment la personne plus ou moins rationnelle que je suis, à chaque changement de couche, ose lever ses yeux de là, ne serait-ce qu'une seconde pour jeter la couche souillée ou prendre une lingette. Pourtant, je le sais.
Tout peut arriver.
Sans prévenir, même si je considère que tout a été fait. Une autre maman, lors du séjour en néonatologie, citait Joyce qui disait, à peu près, que rien n'était plus surprenant que le derrière d'un bébé. Je seconde et j'admire la pertinence de la comparaison. C'est si rare une vraie bonne comparaison.

Ce qui me trouble le plus, c'est la surprise que je ressens, à chaque fois. Fait qui me permet de mesurer l'ampleur des dommages au cerveau. Je pourrais faire chic et parler du pseudo-philosophe en moi qui ne peut cesser de s'étonner... je pourrais. Mais j'aurais l'impression d'en mettre, un tout petit peu. Quoique c'est consolant. Considérer que l'étonnement devant un popo-pipi-et-parfois-petit-vomi surprise est une posture philosophique, ouvre la porte à un tas de questionnements qui sont tout-à-fait à la portée de ma présente condition. Un nouvel horizon pour le penser: le temps du popo - entre la certitude et la surprise - flou existentiel; l'impératif déféquentiel du poupon et la tâche sisyphique de la mère...
Ce n'est surtout pas une forme détournée du déni. Vraiment pas.
Du délire, peut-être.

Retour sur hier: hier, il faisait beau. Très beau. Voilà.

Le projet: toujours à la recherche de. J'ai déjà exclu tout le domaine artisano-créatif. Scrapbooking, macramé, tricot, peinture sur bois et autres merveilleux plaisirs à mettre sur un divan ou une étagère ne sont pas dans mon champ de compétence et je retire très peu de plaisir à m'y adonner. Parce que ce que je fais, c'est laid. Et je le vois. Et je l'assume à moitié. Je ne veux pas que le Mari, par exemple, en parle. Alors pour m'éviter l'humiliation de voir la dissonance entre ce qui sort de sa bouche - "C'est beau, chérie. Tu es bonne pour quelqu'un qui commence." -  et l'expression - d'horreur, de dégoût - que je pourrai lire dans ses yeux et les plis de son visage, je me refuse à cette catégorie de loisirs. On devient bon  à force de pratiquer? Pas nécessairement. J'ai réussi à régresser dans ma capacité à faire du vélo... alors... Non.

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