vendredi 29 juillet 2011

Dix-sept semaines et trois jours

Fifille a quatre mois.

Nous partageons la perte de cheveux. Ses petits cheveux de poupon tombent, d'autres foisonnent. Chanceuse.

Je me sens quand même moins seule. Parce que, bien que je n'en aie pas vraiment reparlé - notamment en espérant que si j'ignore le phénomène, il cessera -, ça n'a pas arrêté.

Oh que non.

Des poignées. Il pourrait m'engager pour les films western, je génère des boules roulantes sans arrêt. J'arriverai bientôt au point où l'idée de prendre une douche génèrera une telle angoisse que je devrai boire une tisane no-stress (et avaler deux anxiolytiques, plus efficaces ) avant d'aller sous l'eau. J'ai vécu la même chose après l'accouchement du Fils. Je deviens alors très vulnérable aux suggestions de mon coiffeur... veux-tu un petit traitement? deux petits traitements? Tous les traitements? Et le shampoing anti perte de cheveux, tu en veux une caisse? Je sais - même si ça m'emmerde - qu'il y a une forte probabilité que tous ces très onéreux produits ne fonctionnent pas vraiment pour un phénomène hormonal... mais je suis désespérée. Alors, je prends tout, tout, tout. En double.
Et ces offres, il me les fait toujours après m'avoir dit: "Oulala. Jamais vu ça. T'en perds TELLEMENT. Au moins, il n'y a pas de trous. Encore." Ben, oui. Dis-moi que je pourrais avoir des trous dans le fond de la tête... je ne vais surtout pas passer mes journées à me scruter le cuir chevelu dans chaque miroir.
Je me vois déjà chauve, reluque les perruques quand j'en vois.

Eurk les hormones. Eurk.

lundi 25 juillet 2011

Seize semaines et six jours

Fifille a dormi douze heures.

[Douze. Je vois poindre la vie, à l'horizon. Un retour à la vie. Comprendre: en dormant suffisamment, je cesserai d'être une personne désagréable... je verrai le verre à moitié plein, les bœufs avant la charrue, la rivière avant le pont... Le post partum rôde... je le sens, mais là, j'ai une arme efficace. D'autant plus que, le Mari en vacances signifie que je ne suis plus seule à assurer les boires - désormais inexistant pour toujours, dit-elle avec sur-optimisme - de nuit et que je peux dormir un matin sur deux.

Prrrrraaaa, Prrrrraaaaa le pas sommeil! Prrrrrrraaaaa! (Gangster's style... c'est quand c'est du cassage sérieux...).

J'ai cependant une légère angoisse... de quoi vais-je me plaindre, désormais? Parce que j'ai besoin de motifs pour geindre, ne serait-ce qu'une minute par jour. Je sais. La guerre et autres devraient me suffire. Mais je parle de plaintes auto-centrées, qui ne concernent que mon petit monde et ses malheurs en puissance et en acte... J'ai de l'imagination. Je trouverai.]

vendredi 22 juillet 2011

Seize semaines et trois jours

Fifille pédale sur son tapis d'éveil, jase avec le ventre d'un mouton mauve et mange son poing.
Championne de la multitâche, elle est.
La larve est si loin.
Elle réussit à mettre son poing dans sa bouche une fois sur trois, maintenant. C'est excellent. Elle avait presque des ecchymoses à force de se taper partout dans le visage. Elle a de la persistance dans l'être, la demoiselle: n'arrête pas tant qu'elle n'a pas réussi. Réussi quoi? Pas toujours clair, même pour elle, mais ce n'est grave. L'important, semble de travailler à quelque chose, de se donner et ce, tant et aussi longtemps qu'autre chose ne se présente.
Bravo, dodue, maman est fière de toi! Surtout avec cette chaleur...

Le Fils voulait son papa, ce matin. Il a même dit "Pas maman". Il ne voulait même pas que je le change de couche. Tristesse? Désespoir?
Que non.
Tellement de joie, en fait. Enfin! Je ne serai plus la seule option, au réveil. Papa était une option, mais elle venait avec hurlements - à l'infini - et tapes et rien de bien plaisant à gérer à 5h30 du matin. Alors j'achetais le calme et me levais. Bien que j'apprécie le chant matinal des oiseaux et jouer aux quilles avec enthousiasme alors que je ne suis pas encore totalement au fait de mon existence, je sais que le Mari aimera cela encore plus. Je ne voudrais pas le priver de tels plaisirs plus longtemps. Je suis généreuse comme ça. On pourra même s'en parler quand je me lèverai, un peu plus tard, l'oeil vif et la joie au coeur de les voir heureux d'être ensemble.  
Je trépigne. Rien de moins.

Le projet est encore une nébuleuse. Les vacances sont là, à 16h, plus précisément. Je serai amplement occupée alors je mets cela dans mon arrière-cerveau, que le travail se fasse un peu sans moi et que mes neurones me gâtent d'une surprise, dans deux semaines. Sait-on jamais. Je pourrais m'étonner.

jeudi 14 juillet 2011

Quinze semaines et deux jours

J'ai mal.
Mal à mon existence. À chaque cellule.

Un verre de rosé - pas très bon - trois ou quatre de sangria - bus beaucoup trop vite - et peut-être une ou deux gorgées de rhum-7 up +  deux tours de "bateau de pirate" - dont un double = toute une performance à côté d'un stand à barbe à papa (mais, au moins, j'ai eu une partenaire d'expulsion à ce moment, ça rend la chose moins...pathétique?) et sur le coin de ma rue - très passante - même à minuit. Super. Bravo à moi. Clap, clap.

Je laisse, encore, une vague odeur de vomi dans mon sillage.

J'attends mon Gatorade rouge. Fifille n'aura pas droit au meilleur de moi-même, aujourd'hui. Il est parti se cacher avec mon égo et une partie de mon estime de soi. La honte, sans doute. Je n'ai plus l'âge pour ce genre de choses... devrais m'en tenir au papotage, aux thés d'après-midi et au jardinage.

[Merci au Mari. Il a eu de la compassion. J'apprécie. Moi, quand ça lui arrive, ça, je n'en ai que très peu. En aurai plus à l'avenir.]

mardi 12 juillet 2011

Quinze semaines

Il me reste une trentaine de semaines, à la maison.

Une trentaine de semaines à regarder Fifille être. Devenir, surtout. J'ai l'impression que son existant se déroule maintenant à la vitesse du son et sur le mode du rouleau compresseur que rien n'arrêtera. Elle se frotte désormais les yeux lorsqu'elle est fatiguée, a découvert sa main, a de longues conversations avec un mouton en peluche ou les rayures de sa couverture...
J'espère qu'elle sera un taureau de vouloir, Fifille.
Pour l'instant, son vouloir, c'est le jambon, je l'ai déjà dit. Elle s'y applique tellement, qu'il y a déjà une liste d'attente, pour Pâques. C'est le Mari qui est heureux. Il souhaite que son régime, pour les dix-huit prochaines années, ne soit composé que des aliments du quatrième groupe du Guide alimentaire canadien: sucre & gras.

Maman est là, Fifille. Faut pas t'inquiéter. Il importe, cependant, que tu gardes en tête que chaque fois que ton Papa t'offrira une frite, un sunday ou une barre de chocolat, ce ne sera pas que pour le plaisir de tes papilles gustatives, mais dans l'espoir qu'il y en ait toujours plus à aimer, de ta personne.

C'est quoi, cette... drôle d'idée, que partagent plusieurs papas? Rendre leur fille la moins attrayante possible, la cloitrer, lui souhaiter une vie chaste et pure et sans intérêt, qu'elle n'aspire qu'à tenir le petit doigt des garçons, au pire, un baiser sur le front... ou qu'elle soit lesbienne, ça, ça passe toujours. Et que, lorsqu'ils parlent du premier qui osera la toucher et des suivants, c'est toujours avec violence et mépris? Et pourquoi pensent-ils à ça dès qu'ils apprennent, à l'échographie, que ce qui est dans la bedaine, c'est une fille? C'est tellement pertinent d'anticiper tout ça, 15 ans à l'avance... évidemment, s'il y a un plan à élaborer et à exécuter, je comprends un peu plus, mais faut pas en parler à maman, dans ce cas.
Parce que maman, elle n'est pas d'accord. Ni avec le plan, ni avec les idées qui soutiennent le plan.

Si je lui donne un biberon de Kool Aid, l'avant-midi, pendant qu'elle regarde BabyMTV, c'est pour la préparer à affronter la réalité. Il faut qu'elle comprenne le monde dans lequel elle vit et, pour se faire, il faut l'expérimenter, le monde et ce qu'il a à offrir...

Vautre-toi dans le réel, Fifille, vautre-toi!

lundi 11 juillet 2011

Quatorze semaines et six jours

Fifille poursuit sa route sur le chemin du long dodo. [Il faut excuser cette formulation. J'ai récidivé. Pourtant, j'ai bu trois cafés, je devrais être un peu plus d'aplomb, intellectuellement parlant, mais bon, je ne peux cesser d'écouter "I wanna go" de Britney - et d'y prendre un certain plaisir auditif - alors, je ne m'en demande plus trop, dans la vie. J'ai baissé la barre sur l'échelle de mes exigences envers moi-même et c'était ça, la solution. Depuis tout ce temps, je me trompais. Faut pas chercher à se dépasser, faut faire du limbo avec ses attentes de dépassement de soi et d'actualisation de son potentiel: "the lower you can go, the better you will be!"]

La nuit passée, donc, premier boire à 3h32, suivant à 7h30. Le Fils se met aussi de la partie, réveil à 7h15 au lieu de 6h. Le Chat a coordonné son envie d'eau fraîche et de déplacement-des-croquettes-dans-le-fond-de-son-bol-pour-qu'il-ne-voit-pas-de-trous (c'est pas des blagues...) avec le premier boire de Fifille. Alors, quand le Mari, à 6h45, m'a dit: "Chérie, dors-tu?"..., je ne sais pas trop pourquoi, mais je l'ai mal vécu. J'ai ressenti une profonde violence envahir tout mon être et je n'ai pas eu l'envie de répondre à son sourire papillonnant de lundi matin. Ni de partager sa joie qu'on puisse avoir une conversation avant de commencer la journée.
Pas du tout.
Je ne cessais de me répéter "Tu m'as volé des minutes de dodo. De précieuses minutes de dodo. Tu vas me le payer. Je ne te le ferai pas, ton café, ce matin. Tiens-toi!".

Il y a un complot. Dans ma maison. Maman/L'épouse/Maîtresse du Chat, ne dormira jamais autant qu'elle le pourrait. Je sais pas si Robert Langdon accepterait de m'aider... ce n'est pas aussi glam que le code Da Vinci, je sais, mais pour arrondir ses fins de mois fictifs... 

Il fait soleil. Fifille est de bonne humeur. Je m'en remettrai.
Et lui servirai sa bière - au Mari, pas à Fifille -, avec chips et sourire.

dimanche 10 juillet 2011

Quatorze semaines et cinq jours

Je suis dans tous mes états. Sur un nuage. Je ne porte plus à terre. J'ai la joie dans le coeur, une banane comme sourire. Je vais aimer les papillons et les fleu-fleurs, aujourd'hui. Je mangerai de la barbe-à-papa et ferai des bulles avec de la gomme à mâcher. Peut-être vais-je même sauter à la corde. Qui sait?

J'ai dormi pendant sept heures et 16 minutes. [Il y a eu un réveil, pour le Chat qui trouvait que son eau n'était pas assez fraîche, mais aujourd'hui, ça ne compte pas. Demain, par contre... ] Fifille a, elle, laissé un gros onze heures entre deux boires. Onze!

Sans gin. Ni chloroforme. Ni Kant.

Juste un gros dodo. Il faut dire que le pep talk, d'hier soir, était particulièrement enflammé. Et je parle souvent à mes guides spirituels, ces derniers temps, et aux anges et à tous les morts que je connais, et j'ai aussi essayé de vivifier ma connexion avec Gaïa et fait allumé deux-trois lampions. Et Harry Potter. Harry, j'ai foi en lui. En fait, c'est Hermione qui fait la potion qu'on met dans le biberon, mais Harry y jette un œil. Et  la magie est là, dans le coup d'œil. Même pas besoin de baguette. J'allais oublier l'enlignement de mes chakras. Je crois que c'est ce qui a permis à Fifille, au bout du compte, de s'ajuster à mes énergies et de saisir, par la force de mon aura - de plus en plus sombre, surtout lorsque je la regarde dans la pénombre, vraiment inquiétant - que j'avais vraiment besoin de ce sommeil. Que le point de non retour approchait. Était là, en fait.

En témoigne le délire que j'ai beaucoup trop facile.
Tout n'est pas gagné avec un dodo, mais c'est déjà ça. Ce sont quelques heures, quelques gouttes d'heures qui ont fait plouc-plouc dans le fond du puit à sommeil. Je vois une petite flaque, même. Suffisamment grosse pour que le Fils, s'il la voyait, irait à deux petits pieds dedans.

Mon aura doit être rose, en ce moment. Rose avec des sparkles, rose bling bling, rose à vomir.
Je vais aller écouter la Compagnie créole. Et n'accepterai rien qui soit en dessous de ça, aujourd'hui.

vendredi 8 juillet 2011

Quatorze semaines et trois jours

J'ai un problème.

D'achats compulsifs de certains items. Le Fils a, au moins, sept manteaux, pour l'été. Un approprié à chaque possibilité météorologique et en version "vas-y, salis-le" et "Potiche. Bouge pas. Ne le cochonne pas". Il possède de nombreux chapeaux et a aussi une vingtaine de paires de bas. Parce que, cliché - mais vrai - ma sécheuse en bouffe, mais surtout parce que je retire une satisfaction profonde à ce que ses bas soient coordonnés à son chandail...

Vrai de vrai. Je fais ça.

Et quand le Mari, qui n'a pas ce souci, se fout que ça soit équilibré visuellement [parce que ce n'est qu'une question d'équilibre pour le regard, mon travers], je tique tellement. Et je continue d'en acheter, de me réjouir quand je trouve ce qui manquait ("Chéri, il n'en avait pas de rouge, tu sais, pour aller avec ses souliers X"). J'ai beaucoup d'arguments pour justifier chaque nouveau manteau, chaque chapeau et chaque paire de bas supplémentaire. Le meilleur étant: "Chut. C'est moi qui l'achète." - version polie de "[gros yeux] Casse pas mon fun. C'est moi qui le paye.".

Je ne sais pas encore ce que ça sera, pour Fifille. Pour l'instant, elle ne porte que des pyjamas. Je l'ai habillée, quoi, trois fois, depuis sa naissance... elle a déjà trois manteaux, ça se pourrait que je poursuive dans cette voie... deux paires de Converse (qui lui feront dans un an, mais qui étaient juste trop... pour que je ne les achète pas), donc peut-être les souliers. Il y a un flou.

Moi, ce sont les sacoches et les souliers. Tellement pas originale. Les boucles d'oreilles, aussi. Et les gilets de grand-mère - ceux qui ferment avec de jolis petits boutons - et ceux de grand-père.
 
J'éprouve un - léger - malaise quand je parle de surconsommation à mes étudiants. Ce n'est pas comme si ça ne paraissait pas que j'aime porter mes vêtements... mais bon, je joue la franchise. J'ai du travail à faire, je fais partie du problème, mais le sais, alors la solution est à portée de mains... Je pousse sauvagement mes enfants dans la même voie, mais ça, c'est de la contradiction et j'en suis farcie. Et ça ne vaut rien que je dise ça, d'un strict point de vue argumentatif.

Mais... j'ai la volonté faible, parfois, et, dans ces moments, je n'ai même pas besoin de raisons autre que: c'est beau.

mercredi 6 juillet 2011

Quatorze semaines et un jour

Fifille sieste.
Je le devrais, sans doute, aussi, mais je ne le peux pas. Je n'ai jamais pu dormir en même temps que la progéniture, de jour, s'entend. C'aurait été et ce serait une bonne chose. Je le sais. D'autant plus que je passe une partie de mes soirées - pas journées parce que je suis seule avec Fifille et que c'est plus plaisant de chialer au Mari... en fait, c'est surtout plus satisfaisant - à me plaindre de mon manque de sommeil.

Mais quand il dort, le jambon à sa maman, sa maman, elle, elle peut faire quelque chose. Qui lui tente. Ces temps-ci, ça se résume pas mal à prendre un café, perdre du temps devant l'ordinateur, lire. Rien de très constructif, d'où l'agréable du moment. Au début, j'avais l'urgence de bien remplir ce temps, de "faire" dans le sens utile et plein du terme.

Pouahahaha! Quelle idée à la con. Quel vouloir désagréable.

En fait, je me disais qu'étant à la maison, il était de mon devoir, en plus de m'occuper du Poupon, de... tenir maison. De remplir tout mon temps de ça. Eurk de chez eurk. Non de chez non. C'est pas vrai. Les milliers de femmes qui ont milité pour que, moi, je sorte de ma maison, les Simone de Beauvoir et autres, n'ont pas travaillé aussi fort pour que je me dise le plus sérieusement du monde - et que je me crois - que c'est mon foutu rôle de torcher. Non - et c'est un non d'enfant de deux ans qui sort de ma tête, là.

Alors, je me suis achetée un violoncelle - j'ai la protestation efficace et soft et légèrement absurde.
Je n'en ai jamais joué, je ne lis pas très bien la musique. Détails.
J'apprendrai. Et ça sera bon pour les synapses de Fifille, m'entendre pratiquer des gammes et autres. J'y tiens aux synapses et à à leur exponentielle multiplication.  

Alors, du ménage à petite dose, beaucoup de pouponnerie, mais aussi du temps pour juste rien.
No shame aloud.

mardi 5 juillet 2011

Quatorze semaines

Hier: premiers "arrrrreu" et premiers rires... grosse journée pour mon petit jambon de Fifille!

Le samedi, depuis les deux dernières années, nous prenons une marche, pour aller petit-déjeuner au centre-ville. Le Fils a-d-o-r-e les croissants et la mousse de lait avec de la cannelle. Le Mari et moi a-d-o-r-o-n-s être assis dehors, siroter le café au lait et mettre la "bitch switch" à on pour commenter... tout et tout le monde. L'art de se sentir normaux ou mieux que les autres en les chosifiant et en les réduisant à leur apparence extérieure. La facilité facile qui fait du bien. Surtout en post accouchement.  

Samedi dernier, pendant ce moment agréable, Fifille a, elle aussi, voulu se joindre au petit boire familial et a réclamé son biberon de lait-puant-sans-lactose. Une horreur. Vraiment. Manifestement, elle n'est pas au courant, car elle le boit avec appétit. Donc, nous étions assis dehors, le soleil nous réchauffant, les papillons virevoltant et Fifille, les yeux à demi-clos, se goinfrant, quand une passante, avec conjoint et enfants, me lance: 

- "Vous savez, le lait maternel, c'est ce qu'il y a de mieux." 

Comme ça, sur le trottoir.
Avec ce ton de grandeur propre à ceux et celles qui savent, ceux et celles avec qui la vérité ose se dévoiler, ceux et celles pour qui le reste du monde est un gigantesque bassin d'idiots à qui il faut professer ladite vérité.  Euh... madame... what  the f**k?

Le tact ne fait plus, depuis quelques mois, partie de mes compétences, alors voici ce qui est sorti de ma bouche l'instant d'après: 

- "Ben, un biberon c'est plus pratique pour lui donner son gin, le soir, si je veux qu'elle fasse sa nuit..., vous comprenez?"

 Non, mais. Mon t-shirt ne portait pourtant pas l'insigne "critiquez-moi, s'il-vous-plaît, j'aspire à être un être plus éclairé de votre sagesse, aujourd'hui".

Je n'ai pas allaité le Fils, je n'allaite pas Fifille. Je sais que le lait maternel est la plus meilleure chose au monde, que c'est vivant, à portée de main et de bouche, toujours à la bonne température, que c'est naturel, meilleur pour l'attachement, que ça fortifie le système immunitaire et que les bébés allaités ont plus de chance de recevoir un prix Nobel ou d'être des personnes inspirantes pour leur entourage... je sais tout ça. Je l'ai lu, on me l'a dit, je l'ai voulu. Mais c'est ça. Il y a des gens et des situations et des choix. Je ne lui donne tout de même pas du Dr Pepper, à Fifille, et je crois qu'elle reçoit autant d'amour que n'importe quel enfant.

Alors quand une infirmière me culpabilise de ne pas allaiter ou une passante ou quiconque, c'est mal. Et pas de leurs affaires. Surtout pas de leurs affaires.

Donc, Madame la passante bien intentionnée et généreuse de ses conseils, je vous remercie d'avoir pris le temps de m'aider dans mon rôle de mère et de vouloir que chaque enfant québécois soit le plus meilleur qu'il puisse être. Merci, merci, merci. Il devrait y avoir plus de citoyens comme vous. Mais, du fond de mon coeur qui se situe plutôt loin de ma raison par les temps qui courent: Je. Vous. Emmerde. Beaucoup.