vendredi 18 janvier 2013

De marde et de kitsch

Le contexte: 

Les petits sont malades, depuis le 9 décembre.
C'est serial-maladie, chenous. Il y a eu la grippe [la vraie, là, pas un rhume. Avec fièvre, courbatures, maux de tête, name it] qui a pris d’assaut le Fils, Fifille et moi, en même temps. Épique. Ensuite, voire évidemment, ladite chose a muté, pour Fifille en une série du type bronchiolite-asthme [avec deux visites à l'urgence because difficultés respiratoires], puis otite. Donc Fifille avait une panoplie à se faire administrer, deux fois par jour: pou-poush d'eau salée dans le nez, Advil à saveur de raisin, antibiotique à saveur de ark, sirop de cortisone à saveur de vraiment ark, pompe de ventolin et pompe de cortisone. 25 minutes, ça prenait. Minimum. Et le sentiment d'être un bourreau, du style qui décapite, là. Fils, lui, il a toussé, mais bon, c'était gérable. Il a toutefois fait une violente et impressionnante crise d'urticaire [et a eu sa panoplie itout pour contrôler la chose - tsé quand même l'urgentologue fait le saut...], il y a moins d'une semaine, et là, là, il a la gastro. Pas très discrète, plutôt explosive et il y en a eu partout, du jus de gastro, depuis hier, notamment dans mon lit, en pleine nuit [et post-it mental au Fils: vomir dans le lit de maman est un acte dont on peut être fier. #Not].

La réflexion:

Il faut être indulgent avec les parents. Je précise, les parents ont le droit au kitsch. Je précise davantage: les parents ont le droit de se vautrer dedans, le kitsch et ce, sans qu'on les juge, donc, en "farmant" not' yeule et qu'on leur fasse juste un gros câlin mental. Je ne parle pas d'un désir de  tapisser le sous-sol avec du shag orange, là, ou de porter, en toute connaissance de cause, un coton ouaté de loup. Pas ce kitsch, là. Ne-non.

Le kitsch, dans sa version noble, se résume, très grossièrement, là, le résumé, à être la négation de la merde, dans le monde. Ce qui est laid, ce qui fait souffrir, ce qui heurte, le kitsch nous en protège. C'est en changeant la quinzième Pull-Up, du jour, [pas le choix de lui mettre cela, au Fils, tellement c'était trop son truc] que j'ai réalisé que le parent du jeune enfant moyen passe une bonne partie de sa journée à jouer dans la marde et que quand ledit enfant moyen, il en produit en quantité se mesurant en kilolitres parce que malade et que, nécessairement, il finit par y en avoir sur le divan, dans le lit, par terre... ben, ça peut devenir un réflexe de protection du sain de l'esprit que de regarder des vidéos de chatons en boucle ou de s'arrêter une minute pour admirer le petit rayon luminant du soleil sur le givre de la fenêtre, de ressentir, ce faisant, une émotion de doux, d'aimer se voir avoir ce ressenti et de vouloir répéter l'expérience. N'importe quoi qui permet au cerveau d'oublier, voire de carrément nier, ce qu'il a vu et fait. Tu le sais que c'est dans le deal parental, ça, quand tu procrées, t'es pas cave, mais l'idée d'une chose et le réel de la chose, c'est d'un différent. Abyssale, la différence. Parfois, même, ça surprend, vrai-ment. C'est soit l'idée qui est inadéquate par rapport au réel ou le réel qui est juste plus percutant quand il se manifeste. Je sais pas. Mais ça me cause souvent des chocs au cerveau. Du coup, à défaut de pouvoir boire plus qu'il ne le faut, je me réclame du kitsch et promets un coup de paume dans le front à quiconque osera un commentaire. Parce que quand je me rends jusque là, en fait, c'est que c'est deep et que la seule réponse que j'aie pu trouver contre un certain désespoir, c'est un film pourri avec Hugh Grant.   

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