lundi 27 juin 2011

Douze semaine et six jours

J'avais un idéal. Une journée type.
Avec Fifille, on serait organisées, structurées, tout en laissant suffisamment de place à l'imprévu. Une routine avec de légères variations, question d'entraîner sa capacité d'adaptation - celle de Fifille, pas de la routine. Un éternel retour du même qui n'en serait pas un vrai de vrai parce que j'y aurais intégré des surprises. Entre les boires et les siestes, stimulation, jeux, exercices, promenades, histoires... la totale pour faire de Fifille un être épanoui de lui-même qui développera chaque parcelle de potentiel existant et en puissance dans son petit corps jambonesque. Tout cela en s'assurant de ne pas la sur-stimuler et être la cause de crises d'anxiété qui réduiront, au final, son plein potentiel à néant.
Ça, c'était le plan. Du moins, les grandes lignes.

Ô surprise, ça l'a foiré. Pas complètement, on fait des choses, quand même, et je l'encourage fortement à dépasser l'état larvaire et à devenir quelqu'un.
Mais... sérieux, c'est... lassant.
À la longue. Et "la longue" arrive assez tôt. Généralement, après le deuxième boire du matin, toutes mes envies de mère épanouissante et actualisante ont foutu le camp. À moins que je ne boive beaucoup de café. Là, j'ai la stimulation facile. Je bouge beaucoup, je parle vite et je vois, dans les yeux inquiets de Fifille, qu'elle me préfère moins "là", moins entreprenante de nos personnes.

À tous les matins, je me dis que je vais me conformer à l'horaire. Depuis qu'elle est sortie de la néonatologie.

Ce faisant, j'oublie - sans doute volontairement pour ne pas culpabiliser - que j'ai tendance à mettre la barre haute et à confondre ce que je veux avec ce que je peux. Je me bats constamment contre le réel. Il me fout des raclées, quasi quotidiennement. Du léger soufflet au uppercut, selon ce que j'ai voulu me faire croire.

Là, je crains à tous les jours de ne pas en faire assez. Pour elle. Pour notre lien d'attachement. Pour son moi profond. Pour sa pyramide de Maslow. Pour sa pensée formelle. Pour son Freud. Pour tout.
Et je l'entends déjà me dire que je suis la source de tous ses malheurs, qu'elle n'a pas demandée à venir au monde et que je devrais - sans-argumenter-pour-une-fois-merde - la laisser sortir de la maison avec ses cheveux teints en vert.
Liberté d'expression, maman, tu connais?
Oui, je connais, Fifille. Je connais. C'est moi qui ait angoissé à te la mettre dans la tête...

So be it.

2 commentaires:

  1. cool ton blogue. je me retrouve dans ce que tu écris. (est-ce inquiétant? peut-être un peu... non?)

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  2. Merci:)

    Inquiétant... pourquoi?

    De mon point de vue, ce serait plutôt que deux expériences particulières se ressemblent et ça me réconforte, en fait, de ne pas être seule à vivre ce que je vis... C'est peut-être désolant que la maternité soit une source d'angoisses, ça, je l'accorde volontiers.

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