mardi 5 juillet 2011

Quatorze semaines

Hier: premiers "arrrrreu" et premiers rires... grosse journée pour mon petit jambon de Fifille!

Le samedi, depuis les deux dernières années, nous prenons une marche, pour aller petit-déjeuner au centre-ville. Le Fils a-d-o-r-e les croissants et la mousse de lait avec de la cannelle. Le Mari et moi a-d-o-r-o-n-s être assis dehors, siroter le café au lait et mettre la "bitch switch" à on pour commenter... tout et tout le monde. L'art de se sentir normaux ou mieux que les autres en les chosifiant et en les réduisant à leur apparence extérieure. La facilité facile qui fait du bien. Surtout en post accouchement.  

Samedi dernier, pendant ce moment agréable, Fifille a, elle aussi, voulu se joindre au petit boire familial et a réclamé son biberon de lait-puant-sans-lactose. Une horreur. Vraiment. Manifestement, elle n'est pas au courant, car elle le boit avec appétit. Donc, nous étions assis dehors, le soleil nous réchauffant, les papillons virevoltant et Fifille, les yeux à demi-clos, se goinfrant, quand une passante, avec conjoint et enfants, me lance: 

- "Vous savez, le lait maternel, c'est ce qu'il y a de mieux." 

Comme ça, sur le trottoir.
Avec ce ton de grandeur propre à ceux et celles qui savent, ceux et celles avec qui la vérité ose se dévoiler, ceux et celles pour qui le reste du monde est un gigantesque bassin d'idiots à qui il faut professer ladite vérité.  Euh... madame... what  the f**k?

Le tact ne fait plus, depuis quelques mois, partie de mes compétences, alors voici ce qui est sorti de ma bouche l'instant d'après: 

- "Ben, un biberon c'est plus pratique pour lui donner son gin, le soir, si je veux qu'elle fasse sa nuit..., vous comprenez?"

 Non, mais. Mon t-shirt ne portait pourtant pas l'insigne "critiquez-moi, s'il-vous-plaît, j'aspire à être un être plus éclairé de votre sagesse, aujourd'hui".

Je n'ai pas allaité le Fils, je n'allaite pas Fifille. Je sais que le lait maternel est la plus meilleure chose au monde, que c'est vivant, à portée de main et de bouche, toujours à la bonne température, que c'est naturel, meilleur pour l'attachement, que ça fortifie le système immunitaire et que les bébés allaités ont plus de chance de recevoir un prix Nobel ou d'être des personnes inspirantes pour leur entourage... je sais tout ça. Je l'ai lu, on me l'a dit, je l'ai voulu. Mais c'est ça. Il y a des gens et des situations et des choix. Je ne lui donne tout de même pas du Dr Pepper, à Fifille, et je crois qu'elle reçoit autant d'amour que n'importe quel enfant.

Alors quand une infirmière me culpabilise de ne pas allaiter ou une passante ou quiconque, c'est mal. Et pas de leurs affaires. Surtout pas de leurs affaires.

Donc, Madame la passante bien intentionnée et généreuse de ses conseils, je vous remercie d'avoir pris le temps de m'aider dans mon rôle de mère et de vouloir que chaque enfant québécois soit le plus meilleur qu'il puisse être. Merci, merci, merci. Il devrait y avoir plus de citoyens comme vous. Mais, du fond de mon coeur qui se situe plutôt loin de ma raison par les temps qui courent: Je. Vous. Emmerde. Beaucoup.

2 commentaires:

  1. J'ai tellement vécu des expériences similaires! Sauf que j'ai zéro répartie... Ça me fait du bien de lire ce billet... Catharsis!

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  2. J'ai tellement vécu des expériences similaires! Sauf que j'ai zéro répartie... Ça me fait du bien de lire ce billet... Catharsis!

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