jeudi 21 mars 2013

8 jours avant le deux ans


Pas d'introduction, aujourd'hui. Le texte va parler tu seul. 


Un an et presque huit mois [novembre]

Quatre semaines. Quatre semaines que le Mari et moi ne sommes plus le Mari et moi. Ça se fait en silence, à pas feutrés. Pourtant, tous ces moments où je m’effondre, en boule de moi-même, sur le plancher de la cuisine, du salon, où sous la couette du lit, je nous cherche, dans le fripé des draps, peut-être une trace de l’odeur des corps qui, dans ce lit, ont fait des bébés, notamment.

Pour que je survive, il aura fallu que quelque chose meure. Euphémisme. La moitié de ma vie, ce quelque chose. Un grand générateur de papillons, de doux dans les yeux, de frissons sur la peau, ce quelque chose. Le père de mes enfants. Le « pour le meilleur et pour le pire ». 

Nous n’avons pas su passer au travers du pire. Nous.

Nous avons le trait d’union défaillant. C’est d’une tristesse. S’aimer autant pour finir par se dire, un samedi matin, « C’est fini. ». Devenir en quelques minutes des êtres loin. Je peux palper la distance, saisir le vide. Ne pas avoir su générer et produire du bonheur. Ensemble. Cette incapacité m‘échappe. Je ne la comprends pas.

Il y a si peu de mots pour exprimer la douleur. L’absence, l’écart, la rage. Je voudrais que tout cela soit autre. Que ce ravin que nous avons pelleté, nous puissions le remplir. Je vois de vieux couples qui se tiennent par la main, se sourient en s’offrant leurs rides, marchent en accordant leur lenteur, équilibrent leur faiblesse, ils se poutrent. Et ça me fend. Ça me lève un peu le cœur, aussi, mais je nous voyais comme cela. Un jour, vieux, ensemble à s’insupporter. J’ai un fond romantique, un attrait pour la poussière qui brille dans les airs. Genre. Malgré tout ce que je suis, j’avais profondément cru à ce saut que j’avais fait en me mariant, un 7, du 7, du 7, pour la chance, évidemment...[pas tant, en fait, moi et la chance, on ne s'accorde pas beaucoup de crédit réciproquement]. La foi dans l’engagement. Tellement aveuglée par j’me-rappelle-même-plus-quoi, je pense que mes yeux, en fait, j’avais dû les enlever, tout doucement, je n’ai rien senti, de leur orbite juste avant de sauter dans le vide marital. 
Je mens, là. 
Je me suis mariée parce que je croyais qu’on pouvait vraiment s’engager envers une autre personne, peu importe ce qui pouvait bien advenir, malgré les changements, malgré tout. Manifestement, not. On peut venir à bout de soi et ne plus pouvoir porter l’autre. Quand ça se produit simultanément pour les deux parties en cause, c’est la fin, l’effondrement. 

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