mercredi 13 mars 2013

16 jours avant le deux ans



Celui-là se passe de présentation, il relate cette journée où j'ai retrouvé la préparation de celle qui devait être la dernière, quelques mois plus tard, l'année précédente.

1 an et cinq mois

J’ai retrouvé, ce matin, toute ma « préparation » : testament, lettres aux enfants, au Mari, aux amis chers, message général pour ceux et celles que ça aurait [étonnement] surpris, résultats de recherches sur les méthodes, sur le « how to » pour ne pas se rater, tsé. Dernières volontés. Distribution des biens. En prime, un souvenir très palpable de tous ces moments passés dans cette planification, du temps mis sur le choix des mots, de la concentration déployée à évaluer les options, de la mobilisation de tout mon « je suis » à prévoir minutieusement le moment de la fin. Préparer la mort avec un échéancier, une liste à cocher. Se convaincre de plus en plus, à chaque étape de franchie, que tout cela est d’une telle pertinence. S’en vouloir de ne pas l’avoir fait avant. La peur qui, au fil des jours, prend moins de place. Tout cela, d’un seul coup. M’a fait l’effet d’une brique en pleine figure ou reçue derrière la tête, ce qui, des deux, fait le plus mal. Pas que je me sente coupable. Non, même pas. Plutôt que je n’ai pas l’impression que ma condition se soit tant améliorée, depuis.

Il y a de ces états dont on ne se sort pas si aisément, pas si rapidement, notamment quand ces états sont constituants de soi, depuis des années. L’Idée donc rôde, encore, par moments, quand le creux me prend. Elle a gagné en flou, un peu, martèle avec moins de force. C’est bon signe, j’imagine. Et il y a les poulets. Quelque chose s’est noué avec eux, récemment. Un tel besoin de leur présence, même si elle m’épuise. Une envie de vivre l’instant, m’abandonner aux jeux, aux soins, y être non pas parce que c’est ce qu’il faut, mais parce qu’un certain plaisir s’y trouve. Je suis étonnée que ce soit moi qui dise et pense cela.
Sans envie de vomir ma vie.

Peut-être que mon sentiment d’aliénation vient, en partie, de cette résistance que je déploie, sans arrêt et partout. Hypothèse de travail à conserver pour traitement futur. Je n’ai pas envie, là, maintenant, de réaliser qu’il soit peut-être vrai que je doive juste accepter ce qui est pour aller mieux. Ça l’a un goût de résignation, en fait. C’est très mauvais, aux dires de mes papilles conceptuelles. 
Déni, merci de ta présence.

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