samedi 16 mars 2013

13 jours avant le deux ans



Moi et les défis à moi-même, ça l'a souvent des ratés. En témoignent les deux derniers jours. Mais c'est pas grave. Je vais plutôt bien et me replonger dans tout cela, dans ces mois où ça allait juste pas (y voir un euphémisme de taille), ce n'est pas si évident, notamment parce que mine de rien, exposer son chaos mental, ça demande de s'habiter l'être avec force et détermination. 

Alors, voilà, début octobre, le début de la fin qui commençait à s'articuler...
  

Un an et sept mois

Comment en vient-on à être aussi désorientée? Théoriquement, il s’agit d’un projet de vie voulu, plutôt normal, d’un naturel certain. Avoir des enfants, cela va pratiquement de soi, c’est dans le grand plan. Tu nais, tu vas à l’école, tu te trouves un emploi, te maries, achètes une maison-avec-volets-aux-fenêtres, fais des bébés, élèves les bébés, t’épanouis dans ton travail et dans ton être, prends ta retraite, puis tu meurs. En gros. Le bonheur, il est là-dedans all the way. C’est le liant des événements.

Mais je bloque.

Kundera dit, dans L’insoutenable légèreté de l’être, que "L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures." Ça me parle, beaucoup. Personne ne peut savoir si « le plan » lui convient vraiment. Pas que je ne voudrais pas d’enfants si, en pleine connaissance de cause, je pouvais choisir à nouveau. J’aimerais revivre des pans entiers de tout cela, différemment. Ça, c’est certain. Mais encore là, rien ne me dit que ça serait mieux. Et je peux bien « m’amuser » à jongler avec les possibles, ce qui est là est là et c’est avec cela que je dois composer. Avec mon dilemme « discipline incitative ou discipline punitive », ma fatigue de cette Fifille qui ne veut pas faire ses nuits et de moi qui ne peux la laisser pleurer parce que j’ai peur pour son sentiment de sécurité et notre lien d’attachement [Esti. Je sais.], le Mari que je regarde de plus en plus avec du loin dans les yeux, ma foutue vie qui me donne le vertige parce que, je ne sais plus quand, je suis devenue impuissante devant elle. J’ai cessé de savoir par où je pouvais l’empoigner avec toute la force du monde pour la tirer là où je veux qu’elle aille.

Au moins, et étrangement, pour ne surtout pas dire contradictoirement, il y a les petits. L’odeur de leurs cheveux, celle du pli du cou, le tendre de leurs joues. Le chaud, surtout, de tout leur mini corps qu’ils mettent  en boule contre moi. C’est dans leur si facile abandon, la gratuité gratuite de leur affection, que je « racine », parfois, un certain sens à tout Cela. Du coup, cette certitude que le monde serait nécessairement moins pertinent sans leur présence, que l’air qu’ils ne cessent de déplacer à bouger bras et jambes génère des vents essentiels. J’en ai fait un post-it mental, une note à moi-même en gras, italique, surlignée et option « qui s’allume et s’éteint en intermittence ». J’ai la mémoire courte quand je me noie de moi-même.

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