Le nouveau travail: joie. De chez joie. Un sentiment que je n'avais pas ressenti, depuis suffisamment longtemps pour ne pas trop savoir comment le gérer. C'est rare que je me prends pour un soleil.
Vrai-ment rare.
Mon corps, en fait, semble le prendre comme un événement stressant tellement c'est nouveau. C'est tout dire. Et c'est surtout très en contraste avec ce que je déroule, depuis trois jours. C'est peut-être aussi parce que je vais mieux que je me sens prête à aborder le pire, à le nommer et à l'exposer, je ne sais pas trop.
Mais bon, le pire en ce matin d'août 2012, il a frappé un fond - pas le dernier, ne-non, fort loin, en fait - sur lequel il a pu rebondir, momentanément...
Un ans et quatre mois
Vacances: jour 4
En ouvrant les
yeux, ce matin, j’ai réalisé que, depuis quelques temps, la première chose que
je fais en me réveillant, c’est de compter les heures qui me séparent du soir,
du sommeil. C’est, en fait, devenu un événement fréquent. Trop, peut-être. La
vie me semble n’être que de faire passer le temps. Meubler les espaces et le
faire avec le plus grossier des kitsch.
De l’air, à peine, au travers du shaggy
orange qui me recouvre l’être.
Something is very wrong with me.
Aie-je au moins
la lucidité de constater. Même si c’est avec un certain détachement, une
distance.
Je veux bien « m’ancrer »,
prendre racine, profiter de l’instant. Mais je ne suis capable que de survol.
De sécurisantes répétitions [que je déteste]. Trop épuisée, en fait, à tourner
sur moi-même. À être incapable de m’arrêter parce que j’ai la chienne de ce qui
pourrait se produire. Alors que je laisse déjà tout passer ou, du moins, que
j’en laisse tellement passer à être juste là, à côté de moi-même, à feindre la
joie, l’enthousiasme. À simuler des papillons.
Ma substance est
en bouette. Voilà. Et concrètement, ça veut dire que je suis le genre de
personne qui ne parvient pas à concevoir comment elle peut sortir de chez-elle
avec ses deux enfants. Aussi n’importe quoi que cela. Dans l’inventaire des
possibles, je ne vois que les situations de crise – situations que je ne
pourrai gérer, évidemment – et j’ai la conviction qu’elles se produiront et
qu’un des agents en cause n’y survivra pas. Alors je perds un temps phénoménal
à penser à la logistique, à la segmenter, à prévoir. Mon cerveau est en spin perpétuel, ça doit contribuer à son
ramollissement.
Mais aujourd’hui
est – enfin – venu ce moment où j’ai juste eu envie de me taper. Ce moment où
j’ai fini par me dire : « Ramasse-toi l’individu dans un petit paquet
et juste fais quelque chose. Esti.» Et j’ai fait un sac avec « le
tout pour le confort, les besoins et la joie de l’enfanterie», je me suis
habillée [ça fera le pyjama comme seconde peau], j’ai habillé les poulets, j’ai
pris Fifille dans mes bras, le Fils par la main et nous sommes sortis. Dehors.
Fifille dans sa poussette, le Fils marchant à côté de la poussette et moi qui
tenais ladite poussette avec toute la crispation dont mes mains sont capables. L’esprit
un peu trop alerte pour le niveau de danger réel et le cœur palpitant sa vie,
mais j’y étais, là, dehors, avec eux et tous les possibles de ce trio. Nous
avons marché jusqu’au parc avec arrêts multiples pour observer fissures dans le
trottoir, pissenlits géants, gomme à mâcher sous mon soulier et autres. Il y a
eu de petites tensions, mais, en gros, j’y suis arrivée. J’ai pu compléter la
séquence sortir, jouer, revenir. Des crises, mais pas de morts. Et deux heures de l’avant-midi de
remplies.
Pouce en l’air,
vague et cla-clap à moi-même. Malgré le certain triste de la chose et le petit
pathétique de cette victoire sur moi-même.
C'est fou, comme ça semble minuscule comme victoire, mais comme c'est en fait gigantesque! Moi aussi j'ai développé une peur de sortir, même si j'en avais juste un, enfant. Juste sortir de chez moi, c'était gros. C'est fou comme c'est triste.
RépondreSupprimerC'est fou, comme ça semble minuscule comme victoire, mais comme c'est en fait gigantesque! Moi aussi j'ai développé une peur de sortir, même si j'en avais juste un, enfant. Juste sortir de chez moi, c'était gros. C'est fou comme c'est triste.
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